Un horizon nouveau ?

Pour la gauche, les grilles de lecture des années 70 — économie administrée, dépenses publiques illimitées, etc. — font définitivement parti du passé. Celles des années 90 — consensus libéral façon Schröder ou Blair — le sont tout autant. La gauche doit imaginer un nouvel horizon et si chacun d’entre nous ne contribue pas au débat qui fera naître cet horizon, il n’y a aucun intérêt à se dire militant de gauche et encore moins leaders politiques de gauche.

Deux plans inséparables

Sur le plan matériel — l’économique et le social — les interférences de l’état dans le fonctionnement du marché sont nécessaires mais insuffisantes. Sans interférences, les dominations de toutes sortes s’installent y compris entre entreprises : nous le voyons parfaitement dans le domaine du numérique où les quasi-monopoles se sont installés confortablement. Les interférences étatiques permettent plus que jamais de réparer les failles dans le fonctionnement des marchés, mais elle permettent aussi — surtout — de créer de nouveaux marchés ainsi que le compromis socio-économique qui va avec de tels nouveaux horizons.
Sur le plan immatériel — le sociétal pour faire court —  la citoyenneté est ce qui devrait nous caractériser le mieux. C’est en effet en tant que citoyens égaux que nous sommes progressivement entrés dans la modernité. Cette modernité où les règles de vie en commun ne nous sont pas imposées de l’extérieur  de la société — hétéronomie — mais bien de l’intérieur — autonomie. Nos sociétés ne peuvent plus être des sociétés de marché où la segmentation libérale sépare allègrement les citoyens — parties prenantes de la vie commune — en une multitude d’individualités sans horizon commun où règne le chacun pour soi quand ce n’est pas le repli exclusif sur ses semblables. Il est vital d’immédiatement cesser de favoriser ce qui nous divise. Il est vital d’immédiatement remettre en valeur tout ce qui nous unit.

La social-démocratie telle que nous l’avons connue

L’image ci-dessous montre, à gauche, les circonscriptions européennes ayant connu des élections en 2017 et, à droite, les circonscriptions où la gauche s’est montrée en stabilité ou en progression (1). On voit ici concrètement les derniers battements d’aile de la social-démocratie telle que nous l’avons connue. Nos amis du SPD allemand risquent à nouveau, aujourd’hui même, de prendre la décision mortifère de s’aligner sur le consensus libéral merkélien (2). Et pourtant ils sont au plus bas dans les sondages (3) à force de ne plus être capables de se différencier de la chef de file du consens libéral : à 18,5%, ils sont à à peine plus de 4 points de la droite radicale de l’AfD (14%).
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Imaginer et installer une nouvelle vision du monde

Il est donc vital qu’en France, et ailleurs en Europe, nos partis politiques travaillent à leur survie s’ils l’estiment nécessaire au pays et en premier aux plus vulnérables de nos contemporains. Ne rien faire ou faire comme avant revient à considérer que la gauche n’a aucune utilité.
Or pourquoi adhère-t-on à un parti politique si ce n’est pour y débattre d’idées politiques ? Et quand je dis débattre d’idées politiques, ce n’est pas juste pour le plaisir de débattre mais aussi dans l’optique de faire avancer la pensée, arguments après contre-arguments, jusqu’à trouver la meilleure réponse possible, dans un contexte donné, à la question posée. C’est ce que j’attends d’un parti politique. Il n’y a aucune raison que ce type de démarche soit réservé à quelques cercles de réflexion parisiens. Quelques expériences récentes ici et là ont fait leur preuve : les militants sont revenus dans les, «  ateliers de la refondation » de ces derniers mois où les questions de fond étaient abordées y compris avec des intervenants extérieurs. Il est nécessaire de les prolonger et de les approfondir. C’est ce qui attire les bonnes volontés et c’est ce qui permet d’imaginer et peut-être même d’installer une vision du monde capable d’être à nouveau majoritaire : suffisamment pour gagner les suffrages et surtout pour exercer le pouvoir selon cette nouvelle vision du monde et pas selon celle du consensus libéral porté par d’autres (Merkel) et parfois par nous (Schröder ou Blair) à plus ou moins fortes doses !
Avec un tel constat et de telles opportunités, ne pas participer à la refonte de la gauche serait une solution de facilité, une solution mortifère !
Notes :
(1) source : The Guardian
(2) source : Le Monde
[Crédit photo : The Guardian]

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