Biens, services et … solutions

Il y a quelques jours a été révélée une pratique très limite d’un constructeur californien d’appareils mobiles. Je vous passe les détails mais en résumé le constructeur, en mettant à jour ses logiciels, accélérait l’obsolescence des appareils vous incitant ainsi à renouveler vos mobiles et donc à lui reverser quelques centaines d’euros qui auraient pu attendre un peu sur votre compte bancaire s’il n’y avait pas eu cette rapide obsolescence. Cette affaire a été l’occasion de remettre l’accent sur le problème de l’obsolescence programmée, une plaie moderne : économique et environnementale.

J’y ai réfléchi depuis et je ne vois qu’une seule porte de sortie qui se trouve, en plus, être gagnante pour le constructeur et, si le constructeur est raisonnable, pour le consommateur.

Si mon fabriquant d’aspirateur était malin, il cesserait tout de suite de me vendre l’aspirateur : il me le louerait. Et dans le cadre de cette location il m’offrirait des services. Des choses classiques comme le service après vente, type réparation. Mais aussi des choses plus innovantes telles l’expédition, avant même que je sois en rupture de stock, des sacs à aspirateur, ou le tuyau flexible pour remplacer celui troué ou cassé. L’aspirateur deviendrait un objet intelligent bourré de capteurs détectant le statut de fonctionnement du tuyau, de remplissage du sac, du nombre de remplacements du sac, etc. Et comme tout cela est en location, le constructeur n’auraient plus besoin de programmer l’obsolescence, au contraire même, il aurait tout intérêt à ce que l’appareil en lui-même dure le plus longtemps possible : ça réduit le coût de remplacement pour le constructeur et ça réduit aussi le risque de perdre, à l’occasion de la panne ou du remplacement, un client qui génère un revenu récurrent. Or le revenu récurent c’est le « saint graal » des modèles économique ! Pour le client, c’est du service en plus à un coût global qui, la concurrence aidant, ne devrait pas dépasser celui de multiples achats du produit à obsolescence programmée ou involontaire.

Le cas de l’aspirateur peut paraître anecdotique. Mais la même chose pourrait exister pour votre voiture ou votre vélo ou encore votre téléphone ou votre ordinateur. Et plus le produit est complexe plus le service nécessitera interventions humaines lors de la détection, à distance puisque l’objet est désormais connecté, d’anomalies ou de pré-anomalies. Interventions humaines sur site qui est synonyme de créations d’emplois. Michel Debonneuil, économiste atypique, parle de tout cela de manière tout à fait abordable dans un très intéressant petit ouvrage qu’elle vient de faire paraître : La révolution quaternaire (L’Observatoire, 2017).

Selon la nomenclature que Debonneuil propose :

  • la voiture est le bien,
  • les pièces de rechange ou la révision kilométrique c’est le service
  • la prise en compte des interventions humaines sur site (sur le lieu de vie) c’est la solution qu’elle qualifie de « quaternaire »

Elle parle de « quaternaire » dans le sens où on n’est pas dans l’agriculture (secteur primaire), ni dans l’industrie (secteur secondaire), ni dans les services dans le sens classique du terme (secteur tertiaire) mais bien dans un secteur « quaternaire » mettant en relation le consommateur, la machine (capteurs, robots, intelligence artificielle) et le travailleur d’un nouveau type (formateur, profession médicale, et l’aide à la personne au sens large du terme).

L’avenir n’est pas forcément sombre. Mais encore faut-il que nos entrepreneurs soient au top de leur forme pour imaginer ces solutions nouvelles et que nos syndicats et partis politiques soient eux aussi prêts pour imaginer le compromis socio-économique qui permettra, comme à l’époque de Ford, que les conditions de travail et de rémunération soient les plus favorables aux acteurs concernés.

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