Donc la chambre des représentants a voté cette semaine l’ouverture de la partie publique de l’enquête pouvant conduire à la destitution du président américain. C’est seulement la troisième fois dans l’histoire américaine qu’une telle procédure est ouverte. C’est dire la gravité des faits potentiels. Ce qui est reproché au président américain serait normal dans un état défaillant mais est très grave dans une république démocratique.
Pour comprendre ce qui se passe, il faut rappeler l’expression du mois peut être de l’année : « quid pro quo » (en gros « quelque chose pour quelque chose » en latin).
En effet, l’équipe du président Trump (son avocat personnel mais aussi des membres de l’administration) ainsi que le président lui-même auraient
- demandé quelque chose (une enquête en Ukraine contre le fils de Joe Biden, candidat actuellement en tête de la primaire démocrate, donc possible concurrent de Trump en 2020)
- pour donner quelque chose en contre partie (le déblocage d’aides militaires américaines que l’Ukraine avait demandé pour faire face à la rébellion pro-russe)
En somme, ce qui est reproché à Trump ce n’est ni plus ni moins que d’avoir fait régner l’arbitraire en lieu et en place du bien commun : servir son intérêt électoral personnel sur le dos de l’intérêt général des Etats-Unis. Si tout cela est confirmé, nous serions face à un reniement de la base même de la république démocratique au sein de la plus ancienne des républiques démocratiques.
Au moment de l’élection de Trump en 2016, nous nous demandions si les institutions de la République américaine seraient capables d’ « empêcher » d’éventuels abus de pouvoir d’un président autoritaire. Nous commençons à voir le début d’une réponse devant nos yeux (ébahis).
Ça ne veut pas dire qu’il perdra les élections de 2020. Ça veut juste dire que la démocratie américaine est solide. Ce qui est un bon début !
Bassem Asseh 