Le premier effet de la révolte d’une partie des Libanais se sont faits sentir avant hier par la démission du premier ministre Hariri. Il sera probablement nommé à nouveau premier ministre mais cette fois-ci chef d’un gouvernement au moins partiellement composé d’experts, pas nécessairement technocrates, mais nécessairement en dehors du carcan des partis politiques communautaires.
Le deuxième effet de la révolte est apparu ce soir. Le président Aoun a prononcé son discours le plus solide depuis son accession au pouvoir suprême il y a exactement 3 ans. J’y retrouve le Aoun qui m’a fait m’engager en politique à 14 ans en 1988. Celui qui veut un état fort, un état non confessionnel.
Il a parlé de deux thématiques qui me tiennent particulièrement à cœur. La première est cet état laïque qu’il propose de concrétiser dans un premier temps par une loi unifiant l’état civil (aujourd’hui un Libanais, même athée, naît, vit et meurt selon les règles d’état civil de la communauté confessionnelle selon laquelle il est enregistré. Aberration des aberrations. La fin de ce système serait le début du salut.
Le deuxième point est celui d’une économie productive. J’avais à peine 20 ans quand j’ai vu de mes yeux vu les ravages de la doctrine néolibérale qui se focalise exclusivement sur la stabilité de la devise et la lutte contre l’inflation. La doctrine qui fixe des taux d’intérêt tellement élevés qu’ils orientent tous les capitaux vers les bons du trésor dont la rentabilité ne peut jamais être atteinte par un quelconque projet productif créateur d’emplois, de productivité, de croissance et donc de richesse au-delà des seuls détenteurs de capital.
Bref. De très bonnes paroles qui ne demandent qu’à être traduites en actes. Gageons que la pression de la rue aidera, obligera même, Aoun et Hariri (l’état laïque et l’économie productive ne sont pas dans le logiciel haririen loin s’en faut) à mettre un tel projet sur les rails.
Courage en particulier à Nayla Geagea et à Charbel Nahas, deux figures majeures de la révolte libanaise de ce beau mois d’octobre.