Puissance et impuissance publiques : « We choose to go to the Moon »

« We choose to go to the Moon », John Fitzgerald Kennedy le 12 septembre 1962 à l’université Rice.

On parle souvent du fossé qui se creuse entre les décideurs politiques dans les nos démocraties libérales et les citoyens de ces mêmes contrées. On parle de déconsolidation démocratique ou de crise de la représentation. On identifie des causes et les médias sociaux en sont une pour sûr. Mais le plus grave dans cette affaire est la promesse trahie du siècle des Lumières. La promesse de l’autonomie. On avait progressivement promis à l’être humain que désormais son destin serait entre ses mains, ses lois ne tomberaient pas du ciel mais seraient le produit de la délibération et du vote. Quelle plus belle promesse que celle de cette émancipation !

Et ça a marché. Ca a marché progressivement pendant plus de 150 ans. De la fin de l’esclavage à la nation de citoyens égaux, de l’installation du suffrage réellement universel à la sécurité sociale. Ca a marché.

Puis ça s’est arrêté ! Non pas que notre monde soit pire aujourd’hui en toutes choses que le monde d’avant. Non. Ca s’est arrêté de progresser de manière substantielle et dans certains domaines ça a régressé. Même que parfois on nous dit “progressisme” là où on ne voit que regression !

En tout cas on nous explique depuis pas mal de temps maintenant que “l’Etat ne peut pas tout” ! On passe subreptissement d’une économie de marché à une société de marché. Celle où règne l’individu roi sur fond de capitalisme de surveillance.

Où est passée la promesse des Lumières ?!

Je crois qu’elle a commencée à marcher à l’ombre puis elle a disparu au fur et à mesure que le politique s’est mis à céder ses prérogatives. D’ailleurs souvent pour de bonnes raisons si on les prend une par une. La marge de manœuvre a été transmise qui à des instances supra-nationales, qui à des mécanismes juridiques, qui encore à des acteurs privés. Et petit à petit, le politique a cédé sa marge de manœuvre, celle qui permettait d’augmenter les chances de réalisation de la promesse des Lumières. Petit à petit il s’est mis à perdre toute capacité d’action. Petit à petit il a organisé sa propre impuissance. Oh il reste bien un peu de marge de manœuvre pour les élus locaux sur des sujets du quotidien ou du quasi-quotidien. Il reste encore des marges de manœuvres, en ce qui concerne notre partie du monde, aux décideurs européens. Malheureusement, ceux-ci sont embourbés dans une logique qui fait beaucoup trop confiance aux mécanismes du marché et pas assez à ceux de la puissance publique, à ceux de l’Etat qui traduit en politiques publiques la volonté populaire.

Sans retour de l’Etat, tout cela va mal finir : devant l’impuissance organisée, on ouvre la porte à un puissant néfaste qui viendra et raflera la mise ! Alors, puissance ou impuissance publiques ?!

Où est le JFK des années 2020 qui, comme JFK en 1962 décidait — oui, oui, décidait — qu’on allait marcher sur la lune avant la fin de la décennie ? Il le décidait et osait le promettre publiquement dans ce discours de septembre 1962. Promesse tenue puisque dès juillet 1969 l’Homme marchait effectivement sur la lune. C’est aussi cette puissance publique dont nous célébrons le cinquantenaire en ce mois de juillet 2019. Alors c’est pour quand ce retour de l’Etat ?!

[illsutration : carlosafmarques / redbubble]

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