Algorithmes et culture

Si vous écoutez de la musique sur des services de streaming tels Deezer ou Spotify, vous avez probablement remarqué que ces deux services en ligne tendent à vous proposer des musiques que vous ne connaissez pas (ce qui est une bonne chose) mais que ces musiques-là sont souvent similaires (ce qui est un peu plus gênant, il faut l’avouer).

Les logiciels qui permettent aux services en ligne de nous proposer quelque chose de nouveau qui pourrait nous plaire, ces logiciels s’appuient sur ce qu’on a nous-mêmes déjà écouté et apprécié, puis sur ce que ceux qui ont appréciés les mêmes musiques que nous ont semblé apprécier par ailleurs. Il s’appuie donc sur les données du passé — les nôtres et aussi celles de ceux qui sont supposés nous ressembler — pour essayer de prédire nos comportements futurs. C’est vrai pour le streaming de musique, mais ça l’est aussi pour le streaming video chez Netflix par exemple.

Or les prédictions de l’avenir s’appuyant sur les données du passé sont des sortes de prophéties auto-réalisatrices qui ont des conséquences non seulement sur notre façon d’accéder à la culture mais aussi sur la façon dont la culture elle-même — dans sa facette “divertissement” — est produite.

Le podcast ci-dessous — et quelques autres que je vais partager ici dans les prochains jours — évoque cette question de l’accès à la culture. C’est un podcast en anglais pris chez The Atlantic. Pour résumer le constat : les algorithmes nous cantonnent dans un périmètre restreint, on se cantonne soi-même dans des périmètres restreints, on voit moins ce qui se passe en dehors de ces périmètres, il devient difficile pour les producteurs culturels eux-mêmes de trouver des financements pour leurs œuvres qui ne rentreraient pas dans les critères définissant ces périmètres retreints. Ce cercle n’est évidemment pas une malédiction éternelle mais c’est un risque permanent contre lequel chacun — y compris les servcies de streamlining eux mêmes — doit se prémunir.

Ce constat est le fruit des biais qui sont au cœur de l’idée même de prédire l’avenir en s’appuyant sur les données du passé. Avec un premier risque qui n’est pas anodin : que ces prédictions finissent par modifier nos comportements. Et un deuxième risque : que le business qui se construit autour de ces méthodes, de ces biais et de cette influence de nos comportements, que ce business donc devienne la nouvelle pierre d’angle du capitalisme (on reparlera de l’idée de “capitalisme de surveillance” développée par Shoshana Zubbof). Il existe en effet d’autres domaines que celui des produits culturels, où ces risques sont avérés (les relations sexuelles, les paysages politiques, etc.). J’en parlerais dans les prochains jours ici, mais pour le moment : Netflix analysé grâce à The Atlantic (mensuel culturel américain fondé à Boston en 1857).

Podcast « Crazy Genius«  de The Atlantic

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