Au milieu des années 1990, deux chercheurs américains constataient ce qui suit au sujet des communautés virtuelles :
« Les individus qui sont en capacité de filtrer des contenus qui ne sont pas conformes à leurs préférences pré-existantes pourraient constituer des cliques virtuelles, s’isoler des points de vue opposés et renforcer ainsi leurs préjugés. Les utilisateurs d’internet pourront rechercher des interactions avec des personnes partageant leurs idées et leurs valeurs. Ils seraient alors moins susceptibles de faire confiance pour les décisions importantes à des personnes n’ayant pas les mêmes valeurs que les leurs. » (Marshall Van Alstyne & Erik Brynjolfsson, « Electronic Communities: Global Village or Cyberbalkans? », MIT, 1997, ma traduction).

Ils écrivaient cela à une époque où Facebook n’existait pas encore pour le grand public. Les réseaux sociaux numériques (tels Facebook, Twitter, etc.) ont renforcé la communication de tous-à-tous (« many-to-many ») réduisant ainsi la toute-puissance des grands acteurs du secteur des médias. Mais ils ont aussi renforcé la « balkanisation » dont il faut être conscient pour savoir relativiser nos points de vue, prendre en compte nos propres biais de confirmation (ne retenir que ce qui confirme notre point de vue) et rester ouvert au débat contradictoire qui fait avancer la pensée et qui est la caractéristique de la démocratie au moins tout autant que l’acte de la représentation.