Que doivent faire les partis politiques suite à la défiance populaire du printemps 2017 ?

A l’automne 2016, je publiais cet article dans la Revue politique et parlementaire. J’y analysais la nouvelle question démocratique vue depuis le terrain, celui d’une pratique quotidienne de la démocratie participative et représentative. J’y notais en introduction un invariant des 10 dernières années. Invariant qui aurait dû nous alerter sur ce qui allait se produire quelques mois plus tard lors de l’élection présidentielle et des législatives qui la prolongèrent. Mais plongés dans le feu de l’action, aucun d’entre nous ne l’a vu alors qu’il était là devant nos yeux !

Cet invariant, caractéristique de ces dernière années, est celui de la rupture entre les électeurs et leurs élus nationaux : président et parlementaires. Cet invariant était en réalité annonciateur de l’échec des partis de gouvernement pour peu qu’une offre de rupture se présentât. L’offre de rupture mélenchonienne et celle lepéniste ne pouvaient pas atteindre une majorité des électeurs en rupture avec les partis de gouvernement. L’offre de rupture macronienne quant à elle, par sa posture centrale sur l’échiquier politique, pouvait faire l’affaire. Surtout avec l’aide d’un canard, d’un juge et d’un candidat de la droite complètement aveuglé par la situation ubuesque dans laquelle il s’était lui-même installé et qui venait justement confirmer la rupture entre électeurs et élus. Au-delà de l’idéologie, l’offre macronienne — par sa posture disruptive du paysage politique — pouvait ainsi combler le fossé qui s’était creusé des années durant entre électeurs et élus, entre le peuple et les hommes et femmes politiques des partis de gouvernement.

J’écrivais donc :
Année après année, chaque mois de janvier, le Cevipof nous livre son baromètre de la confiance. Et année après année, chaque mois de janvier, les résultats du Cevipof montrent la solidité de la méfiance des Français vis-à-vis de la démocratie : « La défiance vis-à-vis du fonctionnement de la démocratie augmente nettement […] : en 2015, 67% des personnes interrogées considèrent qu’elle ne fonctionne pas très bien ou pas bien du tout contre 49% en 2009 (+18 points) ». La défiance est encore plus flagrante lorsqu’il s’agit d’évaluer le personnel politique : « L’opinion vis-à-vis des responsables politiques, si elle se situe déjà à un niveau très élevé en 2009, empire encore jusqu’en 2015 : 88% d’opinions négatives contre 83% (+5 points) ».

C’est ce message explicite que les Français ont envoyé durant la séquence électorale du printemps 2017. C’est ce message que les partis politiques — de droite et de gauche, et aussi du centre, à n’en point douter — doivent comprendre s’ils espèrent encore revenir dans la course. A eux de faire le nécessaire pour prouver au peuple qu’ils sont capables de comprendre le message et d’en tirer les conséquences en termes de renouvellement des pratiques, des idéologies et des visages qui incarnent pratiques et idéologies.

 

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