En juin, Nicola Hulot — nouvellement nommé ministre dans le gouvernement d’Edouard Philippe — appelait de ses vœux la fermeture de 17 centrales nucléaires. Personne ne peut s’opposer a priori à un tel objectif surtout en prenant en compte la durée de vie des centrales nucléaires ainsi que la durée de vie des déchets nucléaires ! Néanmoins, un souhait — fut-ce une émanation des meilleurs sentiments qui soient — n’est pas sans conséquence. Le Parisien a fait le calcul : « les 17 réacteurs les plus anciens du parc français, c’est une capacité totale de 15GWe qu’il faut compenser [ce qui correspond à] la production de 1 400 installations hydroélectriques, de près de 6 600 éoliennes terrestres ou encore de 3 730 000 installations solaires. »
Baisse de l’investissement en France et en Europe
Le rapport des Nations unies est ici et une synthèse en français est disponible ici. En bref, je retiens que pour l’Europe la baisse est importante depuis 2011 comme le montre la figure ci-dessus et ce malgré des niveaux d’investissement toujours élevés au Royaume-Uni [2] et en Allemagne [3].
La France quant à elle est en baisse et n’apparait plus dans le top 10 des pays les plus offensifs dans ce domaine pourtant crucial à la fois pour la souveraineté énergétique et pour la sauvegarde de la planète. Au niveau européen, la baisse est de 24% entre 2014 et 2015 pour un investissement total de 34,1 milliards de dollars (principalement dans l’éolien, 26,9 milliards de dollars). En France le rapport note une baisse de 63% entre 2014 et 2015 avec un investissement de 2 milliards de dollars (cette chute peut s’expliquer par l’expectative due à la loi de transition énergétique qui devait être votée en 2015–2016).
Un investissement économiquement viable
Maintenant que — sous Hollande — la loi sur la transition énergétique est passée et que — sous Macron — le gouvernement annonce 50 milliards d’investissements, il est temps que l’investissement reparte le plus fort possible dans la transition énergétique et plus précisément dans (i) la production d’énergies renouvelables et (ii) l’isolation thermique. Il n’est pas concevable, malgré l’état de nos finances publiques et celui de notre balance commerciale, que nous soyons aussi loin derrière les Anglais et les Allemands en termes de production d’énergies renouvelables.
Le coût de la dette est suffisamment faible pour que l’investissement soit rentable — voir même largement. Rentabilité d’autant plus assurée que le prix du MWh diminue fortement : 70 €/MWh pour certains renouvelables contre 60 €/MWh pour le nucléaire (d’après le ministère de l’écologie, chiffres de 2015). Cet investissement devrait aussi couvrir les économies d’énergie, par exemple dans l’isolation thermique des bâtiments publics et des logements sociaux, étant entendu que l’énergie la plus propre est celle qu’on ne consomme pas.
Et pourtant…
D’un point de vue politique, la sauvegarde de la planète est un enjeu essentiel pour les républicains : quiconque défend la République, défend la chose commune, or quoi de plus commun que l’environnement dans lequel nous vivons et exerçons nos droist et devoirs. La souveraineté énergétique est, elle aussi, un enjeu essentiel pour les républicains : compter sur le gaz russe ou sur le gaz américain est une très mauvaise idée étant donné le comportement erratique de Trump et les rapports tendus avec Poutine sur les questions ukrainienne et syrienne. La précarité énergétique est, elle aussi, une question républicaine du premier ordre dans la mesure où la solidarité est un des piliers du républicanisme.
Mais 50 milliards d’investissements tous domaines confondus — donc pas uniquement pour la transition énergétique — suffiront-ils réellement à atteindre une telle ambition sur un tel sujet ?!
Notes :
[1] je n’ai pas trouvé les chiffres de 2016
[2] Royaume-Uni : 19,2 milliards de dollars, +24% entre 2014 et 2015
[3] Allemagne : en baisse de 46% entre 2014 et 2015 mais un investissement de 6,3 milliards malgré cela