Il paraît que certains d’entre nous pensent que les députés socialistes ne doivent voter ni pour ni contre. Ils veulent s’abstenir. J’imagine qu’ils s’inscrivent dans l’une des trois possibilités ci-dessous :
1/ ne pas froisser l’exécutif, oui oui je vous jure, certains ne veulent pas froisser le guerrier qu’est Emmanuel Macron, celui qui a réussi jusqu’ici à symboliquement tuer tout ce qui aurait pu le bloquer [1]
2/ ou encore : ne pas préjuger de ce que le nouveau président et son premier ministre veulent faire, un peu comme si on voulait « laisser sa chance au produit » alors que l’emballage — découvert lors de la campagne couronnée de succès —annonce déjà la couleur
3/ ou enfin : ils sont en accord avec tout ou partie de son projet et dans ce cas ils cherchent à rattraper le temps perdu en rejoignant une opportunité qu’ils ont manquée ces derniers mois [2]
Ceux qui sont dans le cas 1 m’inquiètent le plus : ils n’ont donc pas vu les capacités de tueur politique du président. Le guerrier ne prend pas de prisonniers, il achève démocratiquement l’adversaire politique. Il n’a pas besoin de troupes supplétives, ses propres forces lui ont suffi et lui suffiront à l’avenir pour mener à bien les opérations qu’il estime nécessaires à la mise en œuvre de son plan.
Ceux qui sont dans le cas 2 m’inquiètent également, car ils n’ont pas l’air d’avoir compris ce que c’est que ce fameux « notre projaaayyy ». Ils ne sont pourtant pas novices dans le milieu et devraient avec une telle expérience avoir compris le contenu du projet macroniste. Et s’ils n’ont pas compris alors je m’inquiète pour leurs capacités cognitives !
A moins qu’ils ne soient dans le cas 3 : ceux qui sont favorables à une partie du projet du président Macron ? Mais alors ne savent-ils pas le ridicule que génère la poursuite d’une opportunité ratée. L’humiliation subie par Valls depuis quelques mois devrait leur donner une idée de ce qui les attend.
A partir de là, je pense que la seule possibilité pour ce qui nous reste de députés est de ne pas voter la confiance. Ils devraient donc voter la défiance. La défiance n’est pas un entêtement ni une position radicale. Elle signifie simplement qu’on ne fait pas confiance à l’exécutif a priori [3]. Ainsi, si ensuite, une politique publique particulière ou une prise de positions sur un domaine précis correspondent [4] à nos convictions et aux attentes de ceux qui nous ont élus, alors nos députés pourront très bien y apporter leurs soutiens et leurs votes.
Amis politiques de longue date, je crois — des fois — il faut arrêter de trop compliquer les choses et revenir aux bases pour être lisibles ! Emmanuel Macron est lisible, lui…
[1] … et on ne peut pas lui en vouloir pour ça, à sa place on aurait fait la même chose, n’est-ce pas ?
[2] Ne soyons pas naïf, une partie de ce qui reste du PS est Macron-compatible (c’est aussi ça notre héritage depuis 1983) et je ne leur en veux pas pour ça en revanche eux-mêmes doivent s’en vouloir à mort d’avoir raté le coche il y a quelques mois en n’osant pas rejoindre le camp Macron à ses débuts
[3] Je dis « a priori » parce qu’on est au moment de l’annonce de la politique générale, donc avant la mise en œuvre de ses politiques publiques particulières
[4] Je pense par exemple aux prises de positions du président de la république sur les investissements étrangers en Europe ou encore la directive « travailleurs détachés » discutés ces derniers jours