Ouverture du colloque international Relmin à Nantes

J’ai représenté ce matin le maire de Nantes à la séance inaugurale du colloque international « Minorités et Cohabitations Religieuses du Moyen-Âge à nos jours » organisé par le programme de recherche Relmin dans le cadre de la maison des Sciences de l’Homme Ange Guépin.

Les lecteurs de ce blog trouvera ci-dessous mon discours prononcé devant les participant au colloque.

Les lecteurs nantais pourront également assisté ce soir à 20h30 au Lieu Unique à une table ronde organisée par le programme RELMIN, avec le Lieu Unique, la MSH Ange-Guépin et l’Université de Nantes et en partenariat avec la revue Place Publique. Le thème de la table ronde sera : « Chrétiens, Juifs, Musulmans : 15 siècles de cohabitation en Europe. Et demain ? »

——

Mesdames, Messieurs,

Je suis très honoré d’être devant vous ce matin, et permettez-moi, en tant que représentant de la ville de Nantes, de vous faire part de trois de mes convictions.
La première est résumée dans votre « phrase d’accroche » : un pont entre la recherche et la société. Cinq ans de travail, une équipe de vingt chercheurs, une centaine de collaborateurs et une dizaine de colloques internationaux avec un seul objectif : celui de se donner les moyens de susciter le dialogue, ce dialogue qui permet de lutter contre l’obscurantisme, conte l’intolérance et contre le communautarisme.
Je reconnais bien là une démarche, celle que la Maison des Sciences de l’Homme Ange Guépin, s’est fixée dès sa création : mettre en œuvre

les conditions d’ouverture aux savoirs,
les conditions de l’échange entre scientifiques,
avec ce pari, que les idées neuves surgiront, et qu’elles permettront de comprendre encore plus le monde qui nous entoure et d’ouvrir, alors, de nouvelles perspectives.
Je pense que l’investissement dans l’intelligence est une clef essentielle pour l’avenir d’un pays ou d’une région. Je pense aussi que les grandes villes doivent être les chefs d’orchestre de ce développement.
C’est là ma deuxième certitude.
Nous n’avons pas, à Nantes, de rente de situation : il nous faut sans cesse innover, chercher la nouveauté, comprendre le monde. Mais au fond, c’est une chance, car cela fait de nous un territoire en alerte, curieux du monde, ouvert sur l’extérieur.
Dans cette dynamique, la recherche occupe une place très importante dans le projet nantais.
Nous le savons, et nous l’avons affirmé dans notre schéma de développement universitaire, le développement d’une métropole moderne, créative et internationale est lié à son développement universitaire. C’est la clef de voute de notre attractivité. C’est aussi la clef de voute du pari sur la jeunesse et de la justice entre nos territoires.

Enfin, pour approcher modestement votre sujet, voilà ma troisième conviction.
 
La laïcité est le fondement de notre république. Elle fonde incontestablement une communauté de destin, une fraternité civique. En revanche, prétendument en son nom, certains fourvoient ce principe et créent un climat de défiance intolérable !

Historiquement [1], la laïcité « à la française » se confond avec  la loi de séparation des églises et de l’Etat. Ce principe fondateur de la République a mis en exergue dans notre pays :
la liberté de conscience et
le libre exercice des cultes
tous deux voulus par la loi de 1905.

Nous n’oublions pas que Nantes est la ville où l’Edit qui porte son nom a mis fin en 1598 aux guerres de religions : temporairement certes, mais c’était déjà un grand pas dans la bonne direction. Nous n’oublions pas non plus le rôle du Nantais Aristide Briand, futur prix Nobel de la Paix, dans la mise en place de la loi de 1905.

Philosophiquement [2], la laïcité ce sont trois propositions garantissant la liberté religieuse, mais aussi, et plus largement, la liberté de conscience :
1.  Personne n’est tenu d’avoir une religion plutôt qu’une autre
2.  Personne n’est tenu d’avoir une religion plutôt qu’aucune
3.  Personne n’est tenu de n’avoir aucune religion
Chacune de ces propositions énonce une liberté et écarte une contrainte. L’ensemble des trois propositions offre les garanties nécessaires à une coexistence pacifique, qui est rompue à chaque fois qu’il y a confusion entre pouvoir politique et pouvoir religieux.

La laïcité est donc un socle qui est inscrit dans notre Constitution. Ainsi elle garantit la pacifique coexistence dans notre pays des fidèles de toutes les religions entre eux et avec ceux qui n’en ont pas. C’est la réponse que nos prédécesseurs dans ce pays nous ont transmise. C’était leur réponse et c’est aujourd’hui la nôtre aux questions politiques et juridiques que soulève, pour le Moyen Âge, l’étude des faits historiques que vous analysez dans le cadre du programme RELMIN. C’est une réponse qui a prouvé, malgré les drames du XXe siècle, sa capacité à relever le défi qui est à l’étude dans votre programme, celui du « pluralisme religieux européen » dont vous approfondissez les sources médiévales.

Je ne peux finir sans un mot sur Ange Guépin, qui s’est interrogé toute sa vie :
sur le progrès par la science,
sur la réduction des inégalités sociales,
mais aussi celles entre les hommes et les femmes,
sur cette idée d’un progrès de l’humanité fondé sur la confiance en l’homme.
C’est lui, comme beaucoup d’autres, qui ont fait de cette ville un lieu fécond, imaginatif, engagé et ouvert aux autres, illustrant ainsi la belle devise de notre ville : « Favet Neptunus eunti »,  « Neptune favorise ceux qui osent », Neptune symbolisant dans cette devise la ville de Nantes.

Je voudrais donc vous remercier, en particulier John Tolan, pour avoir, durant ces années de recherche, fait vivre notre devise en osant chercher les sources médiévales du pluralisme religieux.

Mesdames et messieurs, je vous souhaite un fructueux colloque : qu’il vous permette d’avancer autant que possible dans vos recherches.

[1] Inspiré du discours de Patrick Rimbert, maire de Nantes, lors de l’inauguration du centre Assalam à Malakoff, le 17 novembre 2012
[2] Inspiré de Catherine Kintzler in Penser la laïcité, Minerve, 2013

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