Ces dernières années, plusieurs géographes, sociologues, politistes* ont souligné le fossé qui se creuse entre la France des métropoles, celle qui s’est adaptée à la mondialisation et qui en tire profit, et la France « d’en face », celle du périurbain et du rural, celle qui est frappé de plein fouet par la crise économique et sociale.
Le résultats des élections européennes de 2014, au niveau national, placent le Front national en tête : les listes frontières sont arrivées en tête dans 71 des 101 départements et 16 des 22 régions. Or la doctrine politique lepéniste, depuis plusieurs années maintenant, souligne les méfaits de la mondialisation, phénomène dans lequel elle englobe le projet européen. Il s’agit donc d’une échéance électorale où il serait utile de vérifier à nouveau la thèse rappelée ci-dessus sur une France à deux vitesses.
Voici donc les résultats des principales listes arrivées en tête du scrutin dans les dix plus grandes villes françaises :
- Quatre grandes villes placent le Front national en tête lors du scrutin du 25 mai :
- Marseille (troisième au premier tour de l’élection présidentielle de 2012),
- Nice (deuxième en 2012),
- Montpellier (quatrième en 2102),
- Lille (quatrième en 2012).
- Deux grandes villes placent le Front national troisième :
- Lyon (cinquième en 2102),
- Strasbourg (même position qu’en 2012).
- Les cinq autres grandes villes :
- cinquième à Paris (même position qu’en 2012),
- cinquième à Nantes (même position qu’en 2102)
- cinquième à Bordeaux (même position qu’en 2102),
- quatrième à Toulouse (même position qu’en 2102).
Je n’ai pas accès aux chiffres des agglomérations mais on peut être sûr que la place du Front national est confortée par l’apport électoral des communes alentours des villes centres.
La comparaison** avec les résultats du FN dans ces mêmes grandes villes lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2102 montrent que dans les villes où il était très rejeté, le Front national persiste (les villes où il était cinquième, il maintient sa mauvaise position : Paris, Nantes, Bordeaux et Toulouse). On note un maintien à Strasbourg et une légère progression à Nice, ainsi que, dans une moindre mesure à Nice ou Lyon. On note enfin une nette progression à Montpellier ou Lille où il passe de quatrième à premier !
On peut ainsi observer que le Front national sort désormais de ses bastions historiques pour s’installer aussi dans des grandes villes qui lui furent historiquement plutôt hostiles jusqu’ici, Lille étant probablement la situation la plus surprenante annoncée cependant par les résultats de la municipale de mars dernier.
Paris
Marseille
Lyon
Toulouse
Nice
Nantes
Strasbourg
Montpellier
Bordeaux
Lille
* : en particulier Christophe Guilluy, Fractures françaises, Paris, Bourin Editeur, 2010
** : j’ai choisi de comparer la position au lieu des pourcentages de manière à ne pas être trompé par l’écart de participation entre deux élections structurellement différentes en termes d’attrait pour les électeurs
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