L’UMP a du mal à trouver son candidat pour Nantes. Après Marie-Anne Montchamp, Laurence Garnier et Julien Bainvel, on a cru un moment qu’un « ancien », Daniel Augereau déjà candidat en 1989, allait se lancer aussi, mais finalement peut-être pas, enfin nous verrons bien ! Je leur fais donc à tous une fleur ici en les faisant connaître des Nantais, eux qui sont, tous, en manque de notoriété dans le paysage local.
Pour le Front national, et en attendant un programme précis pour la liste « Bleue marine », on a pu faire meilleure connaissance avec le candidat lepeniste. Mais pour l’UMP, en l’absence de bilan local et dans l’attente d’un candidat à venir et d’un éventuel programme, on est un peu bloqué… On ne peut que très difficilement comprendre ce que l’UMP voudrait pour Nantes : on en est réduit à établir des conjectures sur la base des quelques déclarations des multiples candidats de la droite.
Quartiers populaires
Ainsi, le quotidien 20 Minutes note que Laurence Garnier, « multiplie […] les rencontres avec les habitants, notamment dans les quartiers populaires », et elle précise même :
L’UMP doit y être davantage présente. Il y a là-bas beaucoup de réserves de voix.
Je m’inquiète donc de ce qui peut bien être dit par une candidate UMP aux habitants des quartiers populaires où elle pense pouvoir accumuler les voix qui lui manqueraient ailleurs dans la ville. Alors j’ai pensé à deux éléments en particulier que les candidats de l’UMP, à Nantes et ailleurs, pourront développer avec les employés, les ouvriers, et celles et ceux en recherche d’emplois qu’ils croiseront dans les quartiers populaires.
« Sarkothon » !
D’abord, et pour rebondir sur l’actualité, les candidats de la droite pourront évoquer l’impact fiscal du « Sarkothon » : 7 millions d’euros… Sarkozy savait ce qu’il risquait en allant au-delà du plafond autorisé en termes de dépenses de campagne. Sarkozy savait qu’il pouvait compter sur les généreux donateurs de droite. Sarkozy et ses généreux donateurs savaient aussi que le remboursement de la dette de l’UMP, caution de son candidat, serait effectué à hauteur de 2/3 par la collectivité nationale au travers du budget de l’Etat qui accorde une réduction budgétaire sur le financement des partis politiques (niche fiscale de 66%).
Ainsi les habitants des quartiers populaires seraient ravis de savoir que l’UMP profite du budget de l’Etat au-delà de ce qui lui est naturellement dû. Et que les candidats de l’UMP ne s’y trompent pas : contrairement à ce qu’une légende de droite laisse croire, les habitants des quartiers populaires paient tous des impôts (la TVA lorsque ce n’est pas la TVA et l’Impôt sur le revenu, entre autres).
Redistribution ?
Les candidats de la droite peuvent aussi évoquer avec les employés, ouvriers et chômeurs des quartiers populaires une autre caractéristique de leur politique. Lorsque l’UMP est au pouvoir, elle distribue. Oui oui, je vous assure, elle redistribue, mais pas aux employés ni aux ouvriers et encore moins aux chômeurs. L’UMP au pouvoir a distribué aux plus riches et ça, dans les quartiers populaires, ce sera un argument-massue. Jugez par vous-mêmes sur la base des chiffres fournis par Terra Nova (think tank socialiste certes, mais avec de vraies données publiques faciles à vérifier). Sur 84 milliards d’euros de redistribution, 50 milliards l’ont été en direction des entreprises. La droite pourra dire, concernant cette somme, qu’elle favorise la création et le maintien de l’emploi. Admettons l’argument : dans une certaine mesure, il fait sens même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Mais les 34 milliards d’euros distribués aux ménages, eux, auront du mal à passer auprès des couches populaires : 54% de cette somme, soit 18 milliards, sont allés dans les poches des plus aisés de nos concitoyens sous forme de cadeaux fiscaux.
Autant d’argent dont la distribution aux catégories les plus aisées a été décidée dès 2007, autant d’argent qui n’aura pas servi à protéger les perdants de la mondialisation pris dans la tourmente d’une crise sans précédent.
« Marqueurs socialistes »
Evidemment la politique municipale n’a pas les leviers de la politique nationale tels ceux pratiqués par Nicolas Sarkozy et François Fillon et que soutient encore aujourd’hui Laurence Garnier. Mais toutes choses égales par ailleurs, la politique municipale est celle qui agit au plus près du citoyen. Si la logique favorable aux couches aisées qui a prédominé durant le quinquennat Sarkozy / Fillon est reproduite au niveau des communes, on peut imaginer le malheur qui frappera alors nos concitoyens les plus affaiblis par la crise, les moins bien dotés en moyens pour s’en sortir.
C’est le devoir, l’héritage et l’avenir, du Parti socialiste de maintenir et de renforcer sa présence auprès des couches populaires, y compris dans les grandes villes où la tentation de se focaliser sur la nouvelle bourgeoisie serait le choix risqué de la facilité. L’action publique que les communes peuvent mener a besoin de « marqueurs socialistes » mettant du social, du vrai, dans tous les domaines d’intervention de la ville non pas juste pour accompagner les plus démunis, mais bien pour leur donner les moyens de rebondir.
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[Illustration : K. TRIBOUILLARD / AFP]