Première réunion des réseaux « Gauche Populaire »

(C) Margit L'Hermite

Le mardi 13 novembre s’est tenue à l’Assemblée nationale la première réunion des différents réseaux de la Gauche populaire. Ces réseaux ont plusieurs dimensions dont la plus connue jusque là est celle qui s’est construite autour de l’Observatoire de la sociale démocratie de la Fondation Jean Jaurès) comme le rappelle le texte fondateur intitulée “La gauche populaire : une conjuration”. Une dimension nouvelle est apparue récemment et s’est concrétisée lors de la réunion du 13 novembre en présence de 200 participants dont une trentaine d’élus. Cette nouvelle dimension se construit autour d’élus socialistes : Laurent Baumel, Philippe Doucet et François Kalfon. L’album photo, réalisé par Margot L’Hermite, est disponible ici et l’annonce de l’événement dans Le Monde est ici.

Le député-maire d’Argenteuil, Philippe Doucet, ouvre la réunion vers 19h30 en rappelant qu’en 30 ans (1981-2012) la gauche a perdu 21 points dans le vote ouvrier et l’extrême droite en a gagné 15 sans oublier l’abstention qui en a gagné 25. Il rappelle les grandes thématiques qui sont vitales pour les ouvriers et employés tels le pouvoir d’achat, le coût du logement, les transports qu’il est urgent pour la gauche au pouvoir de prendre en compte dans sa politique.

Laurent Baumel, député-maire de Ballan-Miré et co-organisateur de la réunion, évoque la vocation de la Gauche qui est de porter cette exigence d’attention aux couches populaires que la “Gauche pop” met au centre de ses réflexions, analyses et propositions. Il précise qu’en “assumant le mot populaire nous assumons l’histoire de la gauche”. Baumel rappelle que la reconquête du vote des couches populaires a commencé avec l’élection présidentielle, mais que cela reste fragile. Elle nécessite une consolidation au travers de l’action du gouvernement que la Gauche populaire soutient tout en veillant à souligner ce qui reste insuffisant au regard des couches populaires. Baumel s’interroge ensuite sur la question du dosage entre réformes sociétales et réformes sociales. Il rappelle que le rétablissement de la compétitivité de nos entreprises et la réduction des déficits sont légitimes, mais appelle à ne pas oublier d’autres mesures telles la réforme fiscale et son action redistributive.

Gaël Brustier, auteur avec J-P Huelin d’un Voyage au bout de la droite, rappelle que la Gauche populaire réconcilie deux dimensions parfois trop dissociées : le travail intellectuel et celui plus politique notamment au sein du Parti socialiste. C’est à la fois un courant, mais aussi une idée, celle de la réconciliation du peuple et de la gauche. Il souligne le fait que le fossé séparant les deux est observable au-delà de nos frontières : ”la contestation en Europe ne passe plus par la gauche, mais par mouvements néopopulistes de droite”. Il rappelle le rôle des paniques morales dans ce phénomène et les outils que donne un penseur comme Gramsci pour y apporter des réponses efficaces. Il identifie 3 missions pour la Gauche populaire : (1) déconstruire l’imaginaire droitier, (2) réconcilier l’échelon nationale avec celui européen et (3) émanciper la république de l’universalisme abstrait.

Denis Maillard est l’un des animateurs du réseau “Gauche pop” né, autour de Laurent Bouvet, au sein de l’Observatoire de la sociale démocratie (Fondation Jean Jaurès). Il indique que le programme d’origine était notamment de définir ce qu’on entend par la notion de peuple. Il rappelle les trois dimensions du peuple analysées par Laurent Bouvet dans son livre Le Sens du peuple : politique, nationale et sociale. Il évoque également les différentes insécurités auxquelles est confronté le peuple : physique, économique, sociale et culturelle : “la gauche populaire a pour rôle de penser l’ensemble de ces insécurités”. Puis il souligne le fait que “nous sommes engagés dans un combat culturel et pas seulement un combat politique” rappelant le programme de travail de la “Gauche pop” au travers de séminaires qui sont organisés par la Gauche populaire ainsi que le travail fait au travers des réseaux sociaux.

Plusieurs élus ont également pris la parole. Je signale en particulier le député de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier, qui souligne l’importance du récit républicain pour les couches populaires. Le vainqueur de Nadine Morano rappelle qu’il a construit sa campagne sur les thèmes de l’effort, de la justice et du respect : l’électorat populaire s’est retrouvé dans ce récit républicain. Et Potier conclut sous les applaudissements nourris de la salle : “votre intuition mérite d’être travaillée pour que l’on entende les souffrances et attentes du peuple”. François Kalfon, conseiller régional d’Ile de France, évoque le discours du Bourget et ses accents républicains assez proches de l’esprit de la Gauche populaire. Il appelle à une présidence du pouvoir d’achat en reliant cela à la réforme fiscale, engagement n°14 du candidat François Hollande. Kalfon souhaite qu’après les réformes de sociétés et celles pour les entreprises, le gouvernement puisse passer maintenant aux réformes sociales. François de Rugy, député écologiste de Loire Atlantique, fut l’une des surprises de la soirée dans la mesure où les idées écologistes sont souvent présentées comme étant mieux comprises par les catégories urbaines que par celles périurbaines. De Rugy rappelle qu’il a appelé il y a quelques années à une écologie populaire et met en exergue des thématiques présentes dans l’écologie politique et intéressante les couches populaires : “logement, énergie et transports sont ce qui contraint le pouvoir d’achat”. Dominique Raimbourg, député de Loire Atlantique (décidément bien représentée 😉 ) et vice-président de la commission des lois, prendra également la parole ainsi que Carlos da Silva, député de l’Essonne.

Des intellectuels et des journalistes prendront également la parole. Je signale en particulier Philippe Cohen qui rappelle deux dimensions à prendre en compte pour traiter les aspirations des couches populaires : l’Europe et le libre-échange. Frédéric Ménager Aranyi souligne qu’il y a un divorce entre l’idée européenne et les couches populaires et appelle à repenser l’Europe de manière à prendre en compte les causes de ce divorce.

En conclusion Philippe Doucet lance un appel : “Organisons-nous en logique de réseau et de liberté en respectant le parcours, l’identité et la liberté de chacun.” Il fixe quelques thèmes sur lesquels la Gauche populaire doit être vigilante : les inégalités salariales, les fractures territoriales, les inégalités d’accès au logement et à la santé.

 

Merci à N.G. dont les notes m’ont permis de rédiger les deux derniers paragraphes ci-dessus n’ayant pu suivre la fin en live en raison d’un rdv impératif avec mon ami le TGV

Crédit Photo : Margot L’Hermite

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