Je sais qu’une actualité en chasse une autre et qu’on est dans le règne de l’immédiateté. Néanmoins le mur qui est devant nous — celui du dérèglement climatique — ne cesse de s’élever et les scénarios posés par RTE méritent d’être lus et relus.
On en trouvera ici un résumé sur le site de France Info. Et ici un résumé et le détail sur le site de RTE.
Quant à moi, je suis tout sauf un dogmatique sur ce sujet (et sur bien d’autre, je sais, c’est pas dans l’air du temps ça non plus, mais on ne se refait pas).
La demande d’énergie mérite de baisser mais 1️⃣ ça prendra du temps et 2️⃣ on n’est pas certain d’y parvenir. Ce ne sont évidemment pas des raisons pour ne pas faire l’effort monumental nécessaire pour y parvenir. Néanmoins à partir de ces deux constats, on ne devrait pas tout miser sur la réduction de la demande sauf si on est un grand amateur de prise de risque 🙂.
L’énergie nucléaire est un réel atout pour la France dans ce conetxte. Elle n’est pas/peu génératrice de gaz à effet de serre, or c’est l’urgence absolue s’agissant du dérèglement climatique. Mais considérer que cette technologie n’a aucun inconvénient serait un aveuglement : 1️⃣ en cas de sécheresse, l’angoisse de l’incapacité à refroidir les réacteurs se transformera en réalité or le réchauffement climatique ne permet pas d’exclure l’hypothèse « sécheresse », 2️⃣ exporter cette technologie n’est pas très conseillé pour des raisons géopolitiques évidentes or l’export des technologies liées à l’énergie sera nécessaire vu que le problème est global et pas juste hexagonal même si nombreux d’un camp et de l’autre ont tendance à se focaliser sur la seule France, et enfin 3️⃣ tout miser sur une seule technologie dans un domaine aussi stratégique que l’énergie serait une folie.
Et c’est pour cette même raison, qu’on serait tout aussi fou si on misait tout sur les renouvelables ne serait-ce que parce que : 1️⃣ on ne sait pas encore suffisamment bien stocker l’énergie issue de source renouvelable intermittente (comme le vent qui est par définition intermittent), 2️⃣ on continue à importer bien des composantes techniques — donc à générer des emplois ailleurs et à générer aussi des gaz à effet de serre pour faire parvenir les composantes jusqu’ici — en particulier s’agissant du photovoltaïque et enfin 3️⃣ je ne suis pas certain que l’efficacité technique et économique, à ce stade, de ces sources soient tout à fait optimisée.
Il ne me parait donc pas totalement absurde — en fait ça me parait même tout à fait conseillé — de miser pour le moment sur un « mix énergétique » incluant le nucléaire mais aussi les renouvelables. Sans faiblir ni sur l’un ni sur l’autre. En investissant grandement sur l’un et sur l’autre. Avec le premier, on a une maîtrise de la technologie qu’il faut consolider (l’expérience « EPR » est inquiétante à ce titre car perdre la maîtrise technologique contribuerait à l’affaiblissement de notre économie et on n’a pas besoin de ça). Avec les seconds, on doit se construire une maîtrise technologique qu’on n’a pas encore (et je pense en particulier aux très-sous-investies technologies marines alors que nous avons une énorme façade maritime) de manière à être prêt à prendre le relai du nucléaire : 1️⃣ à l’échelle locale, dans le cas de sécheresses à répétition par exemple et 2️⃣ à l’export car tous les états ne pourront pas exploiter du nucléaire et on doit donc être prêt à aider le reste du globe à passer des énergies fossiles vers les énergies renouvelables si on veut que la solution soit globale et pas juste un argument électoral pour la scène politique nationale.
Evidemment ce que j’écris attirera les foudres d’un camp et de l’autre. J’aurais le choix entre ceux qui ont grandi avec la lutte contre le nucléaire pendant la guerre froide et ceux qui ne voit la grandeur de la France que dans les technologies gaullo-pompidolo-giscardiennes 😉. Et pourtant, ça me semble utile de tenir cette ligne de crête même si les médias sociaux haïssent les crêtes et orientent vers les fossés 🙂.
Illustration : « Goku faisant appel à son énergie. » Source
Là Bassem j’applaudis des à pleine main, pas du bout des doigts. Je n’ai qu’un regret : ne pas avoir écrit avant toi la dernière phrase de ta contribution.