On aurait espéré une initiative qui réduise le fossé qui s’est creusé entre une partie de la population et la police nationale. On a eu une loi sortie de nulle part qui génère une contestation telle que le désordre s’installe à nouveau.
Et c’est toujours les mêmes mécaniques de la fracture qui se répètent si on repense à la plupart des thématiques ayant occupé notre espace (du débat) public ces dernières années. Et c’est allé en s’accélérant depuis Nicolas Sarkozy et jusqu’à François Hollande puis Emmanuel Macron. Probablement même depuis le deuxième mandat présidentiel de Jacques Chirac !
Et que se passera-t-il en 2022 si on a encore un président élu au deuxième tour par défaut après avoir obtenu 20 ou 25% des votes au premier tour ? N’allons nous pas reproduire le même cercle vicieux en élisant un président avec autant de pouvoir que le président de la Ve république tout en ayant un socle électoral aussi faible ?
Je finis par me demander si, sur quelque sujet que ce soit, on est encore capable de se parler, de débattre et d’aboutir démocratiquement à un choix dont la légitimité ne sera pas immédiatement et radicalement remise en cause ?
Est-ce que c’est normal qu’une nation ne sache plus activer les mécaniques de la démocratie pour résoudre ses problèmes ? Je ne le pense pas ! Et si nous n’y parvenons vraiment plus, je ne vois que deux possibilités. Soit nos contemporains ne veulent plus vivre ensemble démocratiquement et je nous laisse imaginer la conséquence, peut-être dès 2022. Soit nos mécaniques démocratiques ne correspondent plus à l’état d’esprit de nos contemporains. Je préfèrerais de loin que ce soit cette deuxième possibilité qui soit la vraie raison de notre malheur actuel.
Je ne vois donc plus qu’une seule chose à faire. Un choc salutaire choisi volontairement. Il nous faut une modification de nos mécaniques démocratiques, une modification de régime me paraît plus urgente que jamais pour garantir une juste représentation des aspirations, pour garantir une efficace organisation de la discussion démocratique et enfin pour garantir que les choix collectifs ainsi effectués sont respectés parce que considérés comme légitimes y compris — surtout — par ceux qui, avant le débat, s’y opposaient.
Sans ça on aura définitivement perdu le contrôle. Sans ça, c’est la fin certaine d’une certaine idée de la France.