Robert Habeck est le leader des Verts allemands. Et Robert va vous étonner. Ecoutez ce qu’il dit ici dans ce podcast (notamment sa réponse à la minute 4:35 à la deuxième question de l’intervieweuse — ci-dessus ma traduction de l’extrait qui a retenu mon attention).
La question qui lui est posée est : « vous le reconnaissez vous même, vous parlez à certains segments de la société allemande, pensez vous pouvoir élargir votre spectre? »
Sa réponse surprendra bien des Français habitués aux discours moralisateurs de nos concitoyens qui cherchent à promouvoir la question écologique !
Habeck : « La classe moyenne ce sont des gens qui ne sont pas pauvres. Ce sont des gens qui ont peur de perdre le peu de patrimoine qu’ils ont aujourd’hui. Ils ont peur d’être disruptés [par le changement]. Par ailleurs, je pense qu’il ne s’agit pas seulement de la question économique [ndlr : reprise inversée de la fameuse expression ‘it’s the economy stupide’ qui a pu expliqué la victoire de Clinton dans les années 90]. Il s’agit d’une question de dignité et de reconnaissance ! Vous devez raconter une histoire pour expliquer ce qui se passe dans le monde et il ne faut pas l’expliquer seulement à ceux qui sont dans votre petit groupe mais aussi à ceux qui perdent leurs emplois dans l’industrie automobile ou dans l’industrie du charbon, leur dire que nous avons besoin d’eux, qu’ils font partie de notre société. Et c’est ce que nous avons appris et que nous essayons d’apprendre. Nous les Verts, nous apprenons à ne pas pointer du doigt les autres leur disant ‘nous savons ce qui est bon et si vous perds vos emplois c’est de votre faute parce que vous ne vous êtes pas engagés dans le changement qui mène à ce qui vous arrive aujourd’hui’. Ainsi nous devons avoir une ‘nous-dentité’ (‘we-dentity’) et cette identité doit inclure ceux qui sont contre le changement. Nous devrions parler avec eux et non pas parler d’eux ».
Puis Habeck prend une exemple lié à son dialogue avec les pêcheurs de la région dont il est l’élu : « Les pêcheurs doivent eux aussi s’adapter au changement écologique. Ils détestent les ministres Verts. Je ne suis pas leur ami. Néanmoins quand je leur dis ‘vous faites partie de la tradition du pays, vous avez construit l’identité de ce pays et je veux que vous soyez aussi partie prenante dans la construction de l’avenir de cette identité, bien sûr vous devez changer alors parlons ensemble de l’argent nécessaire pour [adapter] vos bateaux’ et alors ils m’entendent. C’est aussi ce que nous devons faire avec les salariés de l’Allemagne de l’est qui travaillent dans le charbon et dont on détruit les emplois, nous devons leur donner une place dans notre avenir et nous devons le faire de manière respectueuse. C’est difficile pour mon parti aussi parce que ce ‘nous’ allemand n’a jamais fait parti de l’histoire des Verts. Nous étions le petit groupe de gauchiste qui savaient tout mieux que tous tout le temps, mais maintenant je parle de quelque chose que nous appelons ‘le patriotisme de gauche’. Nous avons besoin d’un terrain commun qui inclut ceux qui s’opposent aujourd’hui au changement ».
Pour écouter le Podcast « Social Europe » : ici