Les 35 minutes de cette vidéo sont très utiles. D’abord parce que ça parle du numérique avec les nuances nécessaires : ni idolâtrie ni rejet, les faits… étalés dans le temps. Le seul problème c’est que c’est en anglais, donc mes plates excuses à ceux qui ne parlent pas la langue de la Silicon Valley.
En bref… Les deux auteurs sont enseignants au MIT (Boston, Etats-Unis). Ils ont commis un livre magistral il y a 3 ans intitulé « The second machine age » (désormais disponible en français chez Odile Jacob). Ils y établissent un très pédagogique parallèle entre, d’une part, le premier âge des machines où, durant la révolution industrielle, la puissance musculaire humaine fut remplacée par la machine (notamment à vapeur), et d’autre part, le deuxième âge des machines où c’est la puissance cérébrale humaine qui est partiellement et progressivement remplacée par la machine (le logiciel et l’intelligence artificielle).
Dans les 35 minutes de cette vidéo ils abordent ces thèmes et les exemples qui les illustrent. Si vous n’avez pas 35 minutes, allez directement à la minute 17 car c’est à partir de là que sont abordés (de manière insuffisante évidemment mais c’est déjà pas mal) les enjeux politiques en termes de marché du travail notamment.
Un extrait significatif d’Erik Brynjolfsson : « People want to be engaged in their community and want to work. There’s no shortage of work that only humans can do right now. We’re not in a world where machines can do everything. I can imagine that in the far future. But let’s be realistic, there’s decades before we get to that kind of work. The problem that faces us right now is that people need meaningful work and need to be engaged. There are so many problems that need to be adressed that only humans can do » [Ma traduction : Les gens veulent s’engager dans leur communauté et veulent travailler. Il n’y a pas de pénurie d’emplois s’agissant des emplois que seuls des humains peuvent remplir actuellement. Nous ne sommes pas dans un monde où les machines peuvent tout faire. Je peux imaginer cela dans le futur. Mais soyons réalistes, des décennies nous séparent d’une telle situation. Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est que les gens ont besoin d’emplois qui aient du sens, ont besoin de s’engager. Il y a tellement de problèmes qui nécessitent d’être traités et que seuls des êtres humains peuvent traiter.] Ils évoquent ailleurs dans la vidéo les métiers où l’interpersonnel ou encore la créativité priment sur les tâches répétitives fussent-elle intellectuelles.
Enfin, ils abordent un point crucial (autour de la minute 19) : le découplage entre la croissance de la productivité qui n’a jamais été plus élevée (tout comme la croissance du PIB/habitant) et celle des salaires médians qui ne progressent plus. Ce qui pose un vrai problème pour les pays développés, problème que personne n’aborde alors qu’il est au cœur du malaise économique, social et culturel actuel.
Bref, jetez donc un oeil ou deux sur cette vidéo, vous ne perdrez pas votre temps !