La cause palestinienne est tellement juste qu’il est presque naturel de se l’approprier quand on aspire instinctivement à la vertu de justice. A un point tel que lorsqu’on n’est pas au clair sur nos propres combats d’émancipations collective et individuelle, nous pouvons facilement tomber dans la confusion consistant à établir une identité pure et simple entre nos causes propres et la cause palestinienne, pourtant si particulière, si liée à un contexte vécu précis.
Conscient de ce risque, l’ayant vu opérer auparavant dans des conditions bien plus dramatiques que tout ce qu’on pourrait connaître ici, j’ai fait le choix, dès le début du round macabre en ours du conflit israélo-palestinien, de ne pas m’exprimer sur le sujet. J’ai tenu 10 jours ! Pas un de plus sans commentaires spécifiques sur les réaux sociaux et encore moins de billets de blog, donc sans aucune référence au drame de Gaza. Au bout de dix jours, j’ai « craqué » : je me suis permis quelques commentaires – les plus neutres possible, et quelques partages d’articles – les plus factuels possible.
Dans la vie réelle, je condamne les débordements et les débuts d’émeutes, mais je ne critique pas ceux qui estiment nécessaire de manifester tout en rappelant que nos concitoyens ont plus vu et entendu les émeutiers de Barbès et de Sarcelles que les malheureuses victimes du premier massacre de Shajaya !
Quant à moi, je n’ai participé à aucune manifestation, évidemment pas par dédain de la cause palestinienne, mais parce que je voyais bien le risque d’importation de ce côté-ci de la Méditerranée des conflits du Proche-Orient et ce avant même que le Président de la République n’évoque ce risque. Avant même que le même Président de la même République ne commette l’erreur de son premier communiqué de presse de soutien inconditionnel à Israël.
Laurent Bouvet résume bien la situation explosive de la France de 2014 lorsqu’il écrit ce qui suit dans l’article référencé ci-dessous:
La plaine identitaire ne demandait qu’à prendre feu, le gouvernement lui-même a fourni les allumettes. La République ne peut en effet se résumer à la juxtaposition de communautés, religieuses tout spécialement, que l’Etat apaiserait tour à tour, au rythme de leurs mécontentements, de leurs insatisfactions, de leurs demandes et réclamations, par telle parole ou tel acte plus ou moins symbolique.

On pourrait aussi rajouter à ce risque d’embrasement le fait que nulle manifestation n’a permis une solution au problème complexe de la Palestine. On n’oubliera pas non plus que manifester avec des antisémites profondément convaincus de la justesse de leurs points de vue est non seulement une insulte à l’histoire et à l’humanité, mais aussi une action contreproductive pour la cause palestinienne. On pourrait également rajouter qu’on attend toujours le plan d’actions proposé par les organisateurs, pas plus que par le gouvernement d’ailleurs !
Or l’indignation ne constitue pas une politique, c’est pour cette raison que j’adhère entièrement à ce que propose l’auteur sous l’intertitre qu’il développe dans son article référencé ci-dessous :
Le pédagogique plutôt que le thérapeutique ou le communautaire
Slate.fr : « Notre lointaine proximité avec le conflit au Proche-Orient »