L’élection interne de l’UMP conduit ce soir à la désignation de Jean-François Copé comme président du principal parti de la droite française. Copé avait construit sa campagne autour du thème de la « droite décomplexée » ce qui faisait de lui l’héritier légitime de Nicolas Sarkozy. Cet héritage est paru nettement dans l’épisode du pain au chocolat et du ramadan qui résonnait un peu comme l’écho de la thématique du halal qui a occupé une partie importante de la campagne de Sarkozy. Mais cet épisode paraît aussi comme un prolongement, certes en pointillé, des très identitaires apéros saucisson-pinard.
Tout cela correspond à un mouvement de droitisation que la plupart des commentateurs évoquaient ces derniers jours sans réellement le définir. Quels sont donc les ingrédients d’une telle réorientation ?
Une réponse à cette question est donnée par Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin, auteurs d’un très instructif Voyage au bout de la droite (Mille et une nuits, 2011, p. 256) :
La droitisation, c’est d’abord la cimentation d’un imaginaire commun dextriste fait de néolibéralisme, de déclinisme, de néoconservatisme, d’occidentalisme et d’identitarisme, qui permet […] à la droite d’exercer sa domination sinon son hégémonie culturelle.
Copé, dans son discours « bis » du 19 novembre au soir, indiquait que « la droite décomplexée [était] de retour » ce qui n’est pas sans rappeler le fameux « America is back » de Ronald Reagan lors de son élection en 1980 qui fut un véritable landmark de la droitisation. Cette « droite décomplexée » de Copé est consolidée par l’ordre d’arrivée des 6 motions du congrès de l’UMP, comme le souligne Laurent de Boissieu lorsqu’il écrit :
Le vote sur les motions […] est […] beaucoup plus révélateur du tropisme idéologique des adhérents de l’UMP. Or, le score élevé de la motion « La Droite forte » (estimée en tête à 25-30 %), qui se réclame comme Jean-François Copé de la « droite décomplexée » théorisée par Nicolas Sarkozy, montre bien une droitisation de l’UMP, confirmée par le score décevant de la motion « France moderne et humaniste » (15-20 % en troisième position).
Il n’en reste pas moins que, tout décomplexé qu’il soit, Copé est un fin politique et sait bien que pour gagner en 2017 nul candidat de droite ne peut vaincre sur une ligne droitière pure. Une telle stratégie n’a pas porté bonheur à Sarkozy (ou, plus loin de chez nous, à Romney). Elle n’en portera pas plus en 2017 surtout si le centre droit de Borloo parvient à s’imposer et que le retour de la croissance parvient à faciliter la tâche économique et sociale du Président de la République lui évitant un bilan exclusivement sociétal.