Je constate deux raisonnements qui reviennent fréquemment au sujet du transfert de l’aéroport de #Nantes à Notre Dame des Landes (a.k.a. #NDDL). L’un qui concerne “l’alternative TGV” et l’autre qui relativise l’impact du transfert sur l’emploi dans la région. Mais dans un cas comme dans l’autre, les arguments sont erronés.
L’ “alternative TGV” revient à raisonner à l’échelle de la France là où c’est l’échelle européenne qui est le vrai enjeu. De même que la question de la création d’emploi ne peut se limiter aux emplois du chantier aéroportuaire et de son exploitation mais s’étend bien plus à la question du développement économique de la ville et de sa région et donc de leur attractivité à l’échelle européenne.
La ligne à grande vitesse
L’argument du “TGV” est régulièrement utilisé. Oui c’est très bien le TGV. Il a fait, avec la culture, l’attractivité de Nantes depuis les années 90. De plus, je le prends jusqu’à trois fois par semaine, ainsi égoïstement, si je pouvais gagner 30 minutes sur un voyage de deux heures, je serais ravi (même si en réalité c’est 8 minutes que nous gagnerions à ce stade des planifications) !
En revanche, tenir le raisonnement autour de la ligne à grande vitesse c’est d’abord oublier le coût que constitue le prolongement de la ligne à grande vitesse entre Le Mans, Angers et Nantes. Il est autrement plus conséquent que le coût de l’aéroport NDDL tout entier. A titre de comparaison rapide, la ligne TGV la plus récente, celle qui reliera Tours à Bordeaux, coûtera 7,8 milliards d’euros pour 340 kilomètres. La règle de trois est facile à faire : 23 millions d’euros par kilomètre de ligne grande vitesse. Le coût de NDDL est aujourd’hui prévu à 561 millions d’euros. Ce montant ne prend néanmoins pas en compte les infrastructures annexes telles que les liaisons routières, mais qui ne seront pas exclusivement dédiées à NDDL. Les opposants, au travers de Mediapart et du Canard enchaîné, avancent le montant de 4 milliards d’euros en comptant les “annexes”.
L’échelle européenne
Mais le coût n’est pas tout, car pour Nantes, la question qui se pose est celle de l’attractivité. “L’attractivité d’un territoire est généralement assimilée à la capacité de ce territoire à attirer et à retenir les facteurs mobiles de production et/ou la population.” En particulier, l’attractivité contribue au développement économique qui lui-même contribue à la création d’emplois.
Or de quelle attractivité parle-t-on ? Est-ce que Nantes a besoin de jouer un rôle vis-à-vis de Paris, donc à l’échelle de la France, ou est-ce qu’il s’agit de jouer un rôle à une autre échelle, celle de l’Europe ? Si l’attractivité dont on parle se situe à l’échelle de la France alors oui, le TGV pourrait suffire. Si en revanche il s’agit d’une attractivité à l’échelle de l’Europe, alors c’est bien un aéroport aux capacités étendues qui sera nécessaire.
Je pense, en ce qui me concerne, que l’enjeu est clairement celui de l’échelle. Dans un monde, qu’on le veuille ou non, de plus en plus ouvert pour les marchandises et les capitaux, il est inimaginable que la circulation à l’échelle européenne des habitants de cette région soient toujours conditionnée par un passage par Paris. J’ai beau avoir un côté jacobin qui parfois énerve les collègues, camarades et amis girondins, je reste néanmoins conscient du rôle qu’une métropole comme Nantes peut jouer en Europe au côté de villes telles Manchester, Barcelone, Francfort, Lyon ou Milan.
Or une région qui est située géographiquement à l’extrême ouest du continent ne peut pas espérer jouer un rôle à l’échelle du dit continent en conditionnant son accessibilité par un passage obligatoire par Paris. Le transfert de l’aéroport est une question d’aménagement du territoire nationale donc une question qui va au-delà des 3 ou 4 prochaines années, bien au-delà. Le transfert est nécessaire parce que si la prochaine décennie est celle de l’ouverture européenne, alors l’actuel aéroport — déjà quasi saturé — ne permettra pas de relever le défi.
L’emploi
Et c’est bien cette attractivité à l’échelle européenne qui permettra le développement économique de la ville et de sa région. Or pas d’emploi sans développement économique. L’économie circulaire ou les circuits courts sont nécessaires pour l’avenir de l’humanité mais ne suffisent évidemment pas pour fournir un emploi pour chacun de nos concitoyens dans le contexte d’une économie mondialisée qu’on l’apprécie ou non.
Alors oui, évidemment que le chantier de l’aéroport et de ses “annexes” ainsi que l’exploitation de tout cela générera des créations d’emplois. Mais le vrai enjeu n’est pas limité à ces emplois-là. Le vrai enjeu ce sont les emplois directement issus de l’attractivité de la ville et de sa région et du développement économique qui en est la conséquence.
Et je n’évoque pas les autres sujets qui jouent en faveur du transfert de l’actuel aéroport vers NDDL telle la sécurisation de la ville de Nantes actuellement survolée quotidiennement à basse altitude par des dizaines d’avions ou encore la sécurisation de la zone Natura 2000 qui jouxte l’actuel aéroport, et qui est, elle aussi, survolée par des dizaines d’avions chaque jour. Et évidemment que le développement économique et l’attractivité à échelle européenne pourront se faire en réaménageant l’actuel aéroport, mais qui aurait l’idée de courir un marathon et quelques sprints avec un boulet attaché aux chevilles alors qu’il peut le faire dans de bien meilleures dispositions ?!
Alors le dimanche 26 juin 2016, moi je dis “Oui”, je voterai :
- en faveur du transfert de l’actuel aéroport,
- en faveur du développement de l’attractivité de la ville et de se région à l’échelle de l’Europe,
- en faveur du développement économique de la ville et de sa région,
- en faveur de l’emploi pour les habitants de cette ville et de sa région, conséquence directe du développement économique et de l’attractivité à l’échelle européenne.
Le 26 juin 2016, moi je dis “Oui”.