L’aversion au risque, une source de blocage vite oubliée

Bien des gens se plaignent des blocages de la société française. Et donc de son économie. Et ces gens qui s’en plaignent ont tout de suite à l’esprit les salariés. Mais aussi les syndicats de salariés. Bref, ceux qui à leurs yeux ne souhaitent pas changer telle ou telle caractéristique de telle ou telle réglementation, de telle ou telle convention collective, etc.

Middle management, medium returns

Mais les mêmes oublient souvent l’autre blocage de l’économie. Ils l’oublient systématiquement même. Alors que c’est probablement celui qui est le plus néfaste pour tout le monde. Celui qui se produit souvent au travers des grands groupes. Et plus précisément au travers d’une partie des managers des grands groupes. Ce blocage est celui lié à l’aversion au risque. Il ne peut y avoir de prise de décision sans prise de risque. Ne serait-ce que minimale. On préfère souvent faire des réunions, installer des commissions, déclarer infructueux des appels d’offres, etc. Et s’il s’en trouve un, dans le tas, qui soit un peu « joueur » : il est mal vu, il est mal noté, il est dégoûté.

Cette aversion au risque empêche les prises de décisions. Elle empêche donc les investissements. Je vois régulièrement des grands groupes dont le siège parisien va mettre des mois à prendre une décision que ses divisions étrangères prennent en quelques semaines. De là à considérer que nos amis les grands groupes français ne seront pas si grands que ça dans quelques années, il n’y a qu’un pas que je suis à deux doigts de franchir. En tous cas, du point de vue micro, dans mon job, c’est un facteur que je prends en compte plus que jamais. J’imagine donc que d’un point de vue macro, c’est un facteur qui doit être pris en compte pour expliquer la situation actuelle. Et l’expliquer par autre chose que les rengaines habituelles formulées à l’encontre de ceux qui ne sont pas décisionnaires dans les processus de l’économie moderne.

Risk management

Prendre des décisions d’investissement comporte une part de risque. Plus la part de risque est grande, plus il est possible de gagner beaucoup (autant que perdre beaucoup). Prendre un risque mesuré donne lieu à des gains (ou à des pertes) tout aussi mesurés. Voilà une évidence qu’il semble, étrangement, nécessaire de rappeler.

En revanche ne pas prendre de décision, ou la retarder sensiblement, est-ce plus (ou moins) risqué que de ne pas prendre de décision ? Je ne suis ni sociologue ni anthropologue. Encore moins psychologue. Mais au quotidien, je constate régulièrement que ne pas prendre de décision est la pire des solutions : 100% de choix perdants lorsque vos concurrents dessinent l’avenir de votre domaine en prenant des décisions — et donc des risques — qui finissent par s’avérer payantes.

J’aurais été ravi qu’un Macron, par exemple, en ciblant les blocages de la société française, souligne en premier lieu les blocages dus aux décisionnaires et à leur culture d’aversion au risque. Mais non, ça ne ferait pas assez “moderne” de souligner les fautes du management !

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