Je suis intervenu cet après-midi au nom du groupe des élus socialistes et républicains lors du débat sur « la sécurité, quels enjeux à Nantes » proposé par le groupe de la droite et du centre.
Un peu de mise en contexte
Il est loin le temps où la gauche pouvait être qualifiée de laxiste. Oui il est très loin. Et c’est un temps que les moins de 30 ans n’ont pas connu (pour mettre un peu de poésie dans ce débat).
A gauche, c’est Lionel Jospin qui a entamé le changement de culture sur ce sujet, dès le début de sa campagne de 1995 sous l’impulsion de Daniel Vaillant
En 1997, Lionel Jospin, Premier ministre, nomme Jean-Pierre Chevènement ministre de l’Intérieur. Il confirme par cette nomination que la balance penche désormais du côté du pragmatisme, d’aucuns diraient de la fermeté.
D’ailleurs, le même Lionel Jospin dans son discours de politique générale souligne que « la sécurité, garante de la liberté, est un droit fondamental de la personne humaine. »
Six mois plus tard, lors du fameux colloque de Villepinte, il affirme sa volonté de « privilégier la responsabilité individuelle sur les excuses sociologiques ». Le titre du colloque « Des villes sûres pour des citoyens libres ». La gauche s’y approprie le vocable sécuritaire. Lionel Jospin y rappelle qu’ « un citoyen dont la sécurité n’est pas assurée ne peut exercer son droit à la liberté ». Il fait aussi le lien entre sécurité et et égalité : « Le principe républicain de l’égalité entre les citoyens ne peut ignorer ce droit à la sécurité ». On est donc bien là dans une approche républicaine de la sécurité : on parle bien du lien qui existe entre sécurité et liberté d’une part et sécurité et égalité d’autre part.
Et si sous le gouvernement Jospin, il restait encore un résidu de dualité au sein de la gauche symbolisée par les oppositions entre la Chancellerie et la place Beauvau, ce dualisme n’est clairement pas spécifique à la gauche sauf à considérer, comme le fait Xavier Bertrand qu’il faut fusionner les deux ministères !
D’ailleurs depuis le premier gouvernement du quinquennat de François Hollande, le changement culturel initié par Lionel Jospin est désormais un des fondements de l’action de la gauche au pouvoir : le choix de M. Valls, ministre de l’Intérieur pour prendre la charge de Premier ministre est bien la preuve, symbolique s’il en fallait une, que la gauche est désormais à l’aise avec les questions de sécurité
Les idées
Plus que jamais aujourd’hui la gauche se sent responsable de l’un des fondements de la D claration des droits de l’homme et du citoyen qui affirmait dès 1789 que la sûreté, dans toutes ces dimensions, est un droit inaliénable de l’homme et du citoyen
Déclaration, Art.2 :
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. »
La sûreté protège l’homme de l’arbitraire qui vient d’autrui, l’arbitraire qui historiquement émanait de l’état absolutiste, mais aussi celui de tout autre citoyen ou corps intermédiaire
Hobbes comme Montesquieu, pourtant très différent l’un de l’autre, ont instauré la sécurité comme premier objectif de l’état, sa raison d’être même. 1789 confirme cela et en pose les limites
Rousseau, chapitre 7 du Contrat social :
« ‘ Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. ‘ Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution. »
Nos solutions sont des solutions fermes et républicaines avec une police présente sur le terrain
Les gouvernements du couple Sarkozy – Fillon ont supprimé en 5 ans 13 000 postes de policiers et de gendarmes
La gesticulation ne suffit pas. Le verbalisme ne suffit pas. La droite claironne sur tous les toits qu’elle veut renforcer l’autorité de l’Etat là alors qu’en réalité, dans les faits, au-delà des discours, elle ne fait que l’affaiblir. Elle ne fait qu’affaiblir l’Etat, qu’affaiblir l’autorité de la République.
Il ne suffit pas de claironner, encore faut-il se donner les moyens du volontarisme affiché.
La droite ne le fait pas, nous, nous le faisons. Le gouvernement à son échelle et nous ici, en tant que Ville de Nantes à notre échelle, selon nos prérogatives.
Nantes
Nos champs d’actions en tant que ville : Police municipale, médiateurs de quartier, médiateurs centre-ville, brigade de contrôle nocturne, agents de surveillance de la voie publique, service communal d’hygiène, service sécurité civile, Mission prévention
Nous intervenons auprès des autorités de l’état à chaque fois que notre connaissance du territoire permet d’aider les forces de police et la justice qui relèvent de l’état, faut-il le rappeler, et non pas de la ville vous l’aurez noté depuis le temps que vous vous intéressez à la politique
Nous avons lancé le chantier de la maison de la tranquillité publique. Ce lieu physique et numérique assurera l’accessibilité aux ressources disponibles : informations, orientation, suivi des demandes.
Une écoute et un accompagnement pour nos concitoyens confrontés aux difficultés liées à la tranquillité publique. Cela concernera les problèmes de voisinage, de bruit, de propreté, de stationnement ou d’incivilités. Et probablement d’autres que je n’ai pas listés ici
Le développement de l’ilotage est un engagement de notre programme.
La vidéoprotection est aussi à l’ordre du jour de prochains débats de ce conseil. Elle est nécessaire là où elle peut être efficace. Et vous le savez depuis que l’engagement a été pris durant la campagne des municipales (en décembre 2014).
Vous vous souvenez sans doute qu’en octobre 2014 nous avons décidé ensemble lors d’un conseil municipal la mise en place d’un dispositif vidéo utilisable par les forces de police lors d’enquêtes qui le nécessiterait, et ce à la demande d’un juge. C’est un premier pas dans l’expérimentation de dispositifs de ce type à chaque fois que son intérêt est prouvé
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Nous sommes de ceux qui considèrent que chaque maillon de la chaîne doit être renforcé pour que la chaîne toute entière soit la pus solide et efficace possible
L’éducation est renforcée par le gouvernement par la création de 60 000 postes d’enseignants : ils éduquent aux savoirs essentiels, mais forment aussi les citoyens en devenir.
C’est autour de la figure du professeur que les citoyens en devenir apprennent à vivre ensemble, construisent les prémices de la vie commune, de la vie en société. La prévention se fait aussi au travers d’eux. Ma collègue Myriam Naël l’évoquait il y a quelques minutes
Ensuite, il y a le maillon de la police : 5 300 postes de gendarmes et de policiers sont créés par le gouvernement sur le quinquennat de François Hollande … là où, je le rappelle vos amis en ont supprimés tant !
Les maillons à renforcer sont aussi ceux de la Justice où le gouvernement crée 3 100 postes supplémentaires de magistrats et d’agents pénitentiaires
Nous sommes dans un monde où les difficultés qui touchent la société touchent d’abord les plus démunis de nos concitoyens. C’est donc dans une logique républicaine que nous soutenons, par l’éducation et par la prévention, par la police et par la justice, l’égalité de tous face aux droits et devoirs. Ce droit à la sécurité est évidemment aussi un droit que nous promouvons pour nos concitoyens les plus démunis.