Ce n’est un secret pour personne : depuis que François Hollande est au pouvoir, le temps est nuageux, pluvieux, neigeux. C’est la cata : il n’y a plus de saison ma bonne dame… Si la fin du monde survenait, ce serait probablement aussi la faute aux « socialisssss » comme disent nos amis de droite ! Sauf que dans la vraie vie, ce n’est pas exactement comme ça que les choses se passent…
Cette ambiance risque de devenir vite contagieuse et les sympathisants de gauche vont eux aussi, à leur tour, être les proies de ce genre de « raisonnements ». Les sondages des municipales et des européennes aidant, tout le monde va avoir le sentiment que, tout à coup, la droite est redevenue « forte » (et pourtant l’UMP « combien de divisions? »). Il y en a même qui auront l’impression que le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et ses révolutionnaires en Converse sont, d’un coup sec, devenus le premier parti de gauche. Les premiers réclameront peut-être une dissolution réparatrice, les seconds se voient déjà à l’assaut de Matignon couteaux entre les dents.
Ne pas s’affoler pour ne pas sortir de la réalité
Et pourtant… Et pourtant il ne faut pas s’affoler pour autant parce qu’en s’affolant on ne sait plus ce qu’on fait, on sort de la réalité. La réalité, ce sont des indicateurs économiques et sociaux globalement très mauvais jusqu’ici. Néanmoins, leurs courbes sont logiques et s’inscrivent dans le prolongement de la séquence précédente. Je parle de séquence politique, celle de Nicolas Sarkozy, car le temps de la politique n’est pas exactement celui de l’économie. Les décisions prises au sommet de l’état se traduisent en lois et décrets puis en réorganisation de l’administration en conséquence. Or tout cela prend du temps. Et une fois ces lois, décrets et réorganisation actés, il reste encore à la mesure ainsi décidée à être mise en œuvre et ensuite seulement, quelque temps plus tard nécessairement, ses résultats se feront sentir.
L’Etat ne peut pas tout, c’est certain, mais l’Etat peut encore des choses. Il met en œuvre des mesures qui ont des effets (positifs ou négatifs, l’évaluation a posteriori est aussi nécessaire). Ces mesures, il leur faut du temps et celles prises cet automne commencent à peine à être effectives, c’est-à-dire à être mises en œuvre ce qui signifie que leurs conséquences, leurs résultats, n’arriveront que dans quelques mois au mieux. C’est le cas de mesures phares telles que la Banque Publique d’Investissment (BPI), le CICE et toutes les mesures du rapport Gallois . Et je ne parle même pas de la Loi relative à la sécurisation de l’emploi (ANI) adoptée il y a seulement un mois !
Réclamer des résultats rapides, c’est exactement comme si on disait qu’il suffit de tweeter « demain il fera beau » ce soir à 22h00 pour que demain à 9h00 le soleil brille. Le temps internet n’est pas celui des Etats et des économies. Le temps des réseaux sociaux encore moins.
Ceci étant rappelé, car il s’agit ici d’un simple rappel vu qu’on est tous raisonnables et qu’on sait tous que le temps incompressible est un fait inéluctable. Ceci étant dit, donc, il y a quelques signaux encourageants. Evidemment la croissance n’est pas de retour et la courbe du chômage n’est pas encore inversée. Mais il ne faut pas pour autant bouder les signaux favorables au pays (et je n’ai pas dit favorable au gouvernement, car c’est bien de l’avenir du pays qu’il s’agit aux cas où les patriotes de tous bords l’auraient oublié).
Des annonces discrètes mais concrètes
Deux annonces de l’INSEE coup sur coup sont clairement favorables à l’économie française. Et je parle bien de l’INSEE, non pas de Météo France ou d’un malheureux institut de sondage que personne ne connaît (YouGov). L’INSEE, donc, annonce cette semaine :
- En avril 2013, la production manufacturière rebondit (+2,6 %) alors que les mois précédents elle baissait. On pourra regarder simplement les titres des papiers de l’INSEE ici, c’est très net la dernière fois que ça augmentait, c’était en août à l’exception d’une augmentation de +0,1% en décembre
- L’emploi marchand baisse modérément au premier trimestre 2013. Evidemment on ne peut se réjouir d’une baisse, mais cette baisse est modérée : elle est moins forte que les trimestres précédents. A nouveau les titres de l’INSEE ici sont très parlant : la dernière fois qu’il y a une hausse significative de l’emploi marchand, c’était au deuxième trimestre 2011, ensuite il y a eu une stagnation puis une baisse puis une faible progression (1er trimestre 2012) et ensuite rien que de la baisse depuis le deuxième trimestre 2012 jusqu’à début 2013 où l’indicateur retrouve un peu de couleur
Evidemment il ne s’agit pas de dire que tout va aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, loin s’en faut. Mais il ne faut pas non plus sombrer dans le pessimisme et le déclinisme ambiants au point de ne plus voir la réalité des indicateurs. Il y aura encore des mauvais indicateurs dans les prochains mois, mais tout comme la fin de l’histoire n’eut pas lieu, de même la fin de la croissance économique et, a fortiori, la fin du monde, ce n’est pas pour tout de suite.
[mise à jour du 20/06/13 : l’Insee voit une timide éclaircie http://www.insee.fr/fr/themes/theme.asp?theme=17&sous_theme=3&page=vueensemble.htm%5D