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On a tous une pensée aujourd’hui pour les victimes des attaques terroristes islamistes du 13 novembre. Une pensée aussi pour leurs proches. Personne ne peut imaginer l’absence que génère la perte d’un proche dans de telles conditions.

Les attaques terroristes du 13 novembre sont l’œuvre d’un certain nombre d’hommes. Mais pas n’importe lesquels. Ce sont les hommes d’une idéologie. Ils sont porteurs de cette idéologie et ils sont portés par elle. Cette idéologie a pour nom « islamisme ». Dans sa variante jihadiste.

L’islamisme c’est l’idéologie qui veut imposer, à la société et à l’état, une loi religieuse de sorte que la religion régente la vie, y compris la vie profane, y compris la vie des non croyants. La variante jihadiste de l’islamisme est celle qui veut imposer cette loi par la force des armes.

C’est l’occasion ici de rappeler — à ceux, de droite et de gauche, qui font semblant de ne pas le savoir — que l’islamisme n’est pas l’islam car tous les musulmans ne veulent pas imposer la loi religieuse à l’ensemble de la société. L’occasion aussi de rappeler que la volonté d’imposer une loi religieuse à l’ensemble de la société, par des moyens politiques ou par des moyens armés, ça n’est pas une différence de nature, ça reste une volonté d’imposer une loi religieuse à l’ensemble de la société.

Or ici, on a la chance d’avoir deux caractéristiques de notre vie en commun. 

D’abord nous sommes une société pluraliste, c’est à dire une société qui reconnaît en son sein l’existence de valeurs, d’intérêts et de modes de vie différents, et c’est une société qui organise ses institutions pour permettre leur coexistence pacifique, leur vie en commun. Cette société pluraliste repose sur l’idée que nul groupe ne détient seul la vérité et que la délibération ouverte, le débat ouvert, démocratique, est nécessaire pour faire tenir ensemble des points de vue divergents.

Et c’est là, la deuxième caractéristique de la société dans laquelle nous avons fait le choix de vivre.

Dans une société pluraliste, la vie commune tient parce que des groupes aux valeurs différentes acceptent qu’aucune norme ne s’impose par la seule force d’un groupe sur un autre : les lois naissent de la délibération démocratique et s’imposent à tous, ce qui fonde l’autonomie collective plutôt que l’hétéronomie, plutôt que la loi qui vient de l’extérieur, qui s’impose de l’extérieur de la société. C’est exactement l’esprit du Serment du Jeu de Paume (20 juin 1789), lorsque les députés révolutionnaires de 1789 jurent de ne pas se séparer avant d’avoir donné à la France une Constitution : le pouvoir de fixer les règles communes devait venir de la nation elle-même et non d’une autorité extérieure, ni du pouvoir d’un homme seul quel qu’il soit, ni du pouvoir d’un dieu quel qu’il soit.

Et c’est exactement cette théorie et cette pratique que les islamistes attaquent. C’est exactement ça que les jihadistes ont voulu prendre d’assaut les armes à la main le 13 novembre 2015. Ils ont voulu défaire la société pluraliste, la société autonome, la société dont les membres sont différents et qui, rassemblés, se donnent leur propre loi commune par la délibération démocratique.

Ce que les jihadistes ont voulu abattre le 13 novembre 2015 et veulent  toujours abattre aujourd’hui, c’est cette idée simple et révolutionnaire : une société d’hommes et de femmes libres qui se donnent à eux-mêmes leur loi. Chaque fois que nous faisons vivre la délibération démocratique, chaque fois que nous acceptons de discuter pour décider ensemble, nous tenons la promesse du Jeu de Paume, la promesse faite au Tiers-état. Nous faisons vivre la République, non comme un héritage figé, mais comme une construction collective qui se renouvelle par notre fidélité à ce principe fondateur.

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