Hier c’étaient les municipales, aujourd’hui ce sont les départementales et les régionales peut être que demain ce sera aussi le cas pour la présidentielle ? Après les gilets jaunes, l’abstention de masse finalement ? C’est, apparemment, la désaffiliation politique et l’apathie démocratique qui caractérisent notre époque !
Alors qui s’abstient ? Toutes les catégories se sont abstenues mais c’est plus particulièrement vrai dans les catégories populaires d’après les chiffres de l’institut Ipsos les cadres se sont abstenus à hauteur de 63%, donc un peu moins que les professions intermédiaires à 71% et les employés et ouvriers à 74%. Et chez les jeunes c’est également le cas, comme le notait le sociologue Vincent Tiberj dans Le Monde : les plus de 65 ans pèsent dans les urnes 1,4 fois leur poids dans la population tandis que les moins de 35 ans pèsent moins de 50% de leur poids démographique réel.
Et pourquoi s’abstiennent-ils ? Les sondeurs réussissent à identifier 3 raisons principales de l’abstention :
- « mécontentement par rapport à l’offre politique nationale et régionale »,
- « méconnaissance de l’institution régionale » et
- « manque d’intérêt pour le scrutin« .
Et à ce sujet je rappelle ce que Yascha Mounk écrivait il y a 2 ou 3 ans de cela. Nous sommes dans une phase de déconsolidation démocratique et il définit ce phénomène par 3 traits de caractère :
- Vivre en démocratie ne paraît plus essentiel sauf pour les plus âgés
- Des pans entiers des sociétés occidentales acceptent même que l’armée ou qu’un homme fort accède au pouvoir
- Il y a une offre politique qui peut être perçue comme une alternative à la démocratie, Trump en a été un avant-goût et Le Pen s’en fait l’équivalent hexagonal
Alors, dans ces conditions que faire ? Probablement d’abord se remettre à faire ce qu’on n’aurait jamais dû cesser de faire, c’est-à-dire traduire la volonté populaire en politiques publiques. Car finalement c’est la seule preuve qui vaille lorsqu’il s’agit de montrer que voter sert encore à quelque chose. C’est la seule preuve qu’il est possible de reprendre le contrôle sur notre vie commune.
[Notes issues de ma rapide intervention lors de l’événement de lancement du Manifeste pour une échelle humaine, le 1er juillet à Paris]

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