Christian Bouchet, patron du Front national en Loire Atlantique sera tête de liste pour l’élection municipale à Nantes. Natif d’Angers (1955), issu d’une famille de la « petite bourgeoisie provinciale« , il a déjà été candidat à plusieurs reprises dans plusieurs circonscriptions, avec plusieurs étiquettes, et toujours couronnées d’échecs. Il en sera probablement de même en mars 2014 tellement il semble éloigné des caractéristiques des différentes catégories de l’électorat nantais.
Du point de vue électoral, avant son entrée au Front national, Christian Bouchet s’est présenté aux cantonales de 2001 à Rezé. Puis aux législatives de 2002 dans la quatrième circonscription de Loire-Atlantique (Rezé) sous l’étiquette MNR (Bruno Mégret). En 2007 il fait la campagne de Jean-Marie Le Pen avant de rejoindre le FN en 2008. En 2011, il soutient Marine Le Pen lors de la campagne interne du FN même si la présidente du FN dit qu’elle ne l’a vu que deux fois (en géopolitique, il est promusulman et antisioniste, il n’est donc pas dans la ligne promue par Philipot et Le Pen).
Mobilité électorale
Dès qu’il devient membre du FN, il est régulièrement désigné candidat ou suppléant du candidat frontiste : à la cantonale de 2008, il est suppléant à Rezé, puis il est deuxième de liste aux régionales de 2010, il est ensuite candidat à la cantonale de 2011 à La Baule, avant d’être candidat aux législatives de 2012 à Nantes – Saint Herblain face à Jean-Marc Ayrault.
En février 2013 il est investi comme tête de liste du Rassemblement Bleu Marine, le label inventé par le FN pour ses campagnes électorales depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti d’extrême droite.
« Spiritualités de marge »
Dans le « civil », il est professeur de marketing et a une activité éditoriale (journaliste, éditeur, etc.) : site Voxnr, éditions Ars magna, Editions Avatar, correspondant d’un journal italien, etc. Il est diplômé en droit, sciences économiques et histoire, il est aussi et surtout docteur en ethnologie (Paris VII – Jussieu). Sa thèse portait sur Aleister Crowley : un personnage anglais excentrique de la première moitié du XXe siècle, sataniste, fondateur de groupes occultistes pratiquant la « magie sexuelle ». Le lecteur pourra mieux connaître le « mage du tantrisme » dans cet article, plutôt sympathique avec Crowely, sur le blog de J-L Turbet. Christian Bouchet a publié de nombreux livres aux éditions Pardès spécialisées dans l’occultisme. Il présente ses recherches comme liées aux « spiritualités de marge ». Ses livres traitent de magie Wicca, de néopaganisme, d’Allan Kardec, etc.
Accusé d’appartenir à des mouvements occultistes et paramaçonniques, il répond à une enquête parue dans Le Courrier de l’ouest en 2002 expliquant qu’il n’a fait partie de ces groupes que pour faire de « l’ethnologie d’immersion » dans le cadre de la rédaction de sa thèse de doctorat sur Aleister Crowley [1. Pour en savoir plus sur cette facette du personnage, cet article vous sera d’une grande utilité ].
Nationalisme révolutionnaire
Politiquement il est issu de ce qui se fait de plus « dur » à l’extrême droite : le mouvement nationaliste révolutionnaire [1. Plus de détails par Nicolas Lebourg, historien de l’extrême droite, ici]. Il s’agit d’une mouvance d’extrême droite empruntant certaines idées au léninisme. L’acte fondateur de cette mouvance, sur le plan intellectuel, est un ouvrage [1. Pour une critique positive] de Dominique Venner [1. Plus d’information sur Venner ici par des journalistes du Monde : http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2013/05/21/dominique-venner-le-pere-de-lextreme-droite-moderne-sest-suicide/] paru en 1962. Venner était jusqu’à sa mort en mai dernier (suicide public, politique et symbolique, derrière l’autel de la cathédrale Notre Dame de Paris), le chef de fil des intellectuels d’extrême-droite antichrétiens [1. « La part romaine de la civilisation européenne avait semblé mourir quand lui fut imposé le christianisme, écrit-il en 2003. Mais un regard non convenu repérera sa survivance en Occident durant les siècles chrétiens et au-delà. Les révolutionnaires et Napoléon ne se voulaient-ils pas romains jusqu’à la caricature ? » (Dominique Venner, « Éternité des civilisations », art. cit., p. 7. cité par S François et N Lebourg dans Dominique Venner et le renouvellement du racisme)] païens racialistes.
En 1966 Venner écrivait :
L’étude objective de l’histoire montre que seule la race européenne (race blanche, caucasoïde) a continué à progresser depuis son apparition sur la voie montante de l’évolution du vivant, au contraire des races stagnantes dans leur développement, donc en régression virtuelle. (…) La race européenne n’a pas de supériorité absolue. Elle est seulement la plus apte à progresser dans le sens de l’évolution. L’originalité de sa culture traduit la complexité de son langage. La complexité de son langage traduit la spécialisation de sa technique [1. Texte extrait d’un numéro de 1966 de la revue Europe-Action fondée par Dominique Venner, cité par S François et N Lebourg dans Dominique Venner et le renouvellement du racisme en France]
D’ailleurs à l’occasion du suicide de Dominique Venner, Christian Bouchet lui témoigne de sa reconnaissance : « sa mort est un exemple » dit-il dans ce tweet datant du jour de la mort du théoricien de l’extrême droite la plus radicale.
Ne pas oublier que dans les années 60 #Venner fut couvert de boue par #Sidos. Sa mort est un exemple, Sidos lui finira gâteux dans son lit.
— Christian Bouchet (@ChBouchet) May 22, 2013
Nicolas Lebourg, universitaire, spécialiste de l’extrême droite, résume l’idéologie nationaliste révolutionnaire ainsi :
Les [nationalistes révolutionnaires] mettent en avant une continuité entre les notions d’ethnie, de peuple, de nation, de construction européenne, de socialisme et d’Etat. Leur antisémitisme n’est pas d’ordre biologique ou religieux, mais conspirationniste et politique. Le juif est conçu tel l’agent du cosmopolitisme, qui empêche l’édification du socialisme national, et du sionisme, qui vise à régenter le monde avec l’appui des USA via le processus de mondialisation.

Entrisme
L’actuel mariniste a été l’un des piliers du mouvement nationaliste révolutionnaire en France durant les 35 dernières années. A l’invitation Serge Ayoub [1. Surnommé « Batskin », Serge Ayoub, leader skinhead des années 80-90, fut jusqu’il y a quelques jours le chef de Troisième Voie récemment autodissoute puis interdite par le ministère de l’intérieur suite à l’affaire Meric. Bouchet a été l’un des fondateurs de Troisième Voie puis son secrétaire général en 1989.], il prononçait en 2011 une conférence sur ce thème devant Troisième Voie (dissous depuis). Bouchet y reconnaît au sujet du nationalisme révolutionnaire :
Il y a très longtemps que j’ai abandonné l’espoir d’une réussite organisationnelle. Par contre, j’ai toujours été convaincu par la justesse des idées et par leur influence possible .
Il poursuit donc la tactique de l’entrisme que Troisième Voie, comme d’autres groupuscules de ce type, a toujours pratiqué. Il a fait de l’entrisme dans les milieux occultistes, selon ses dires, pour réussir sa thèse. Il en a fait dans le milieu de la musique industrielle (Front 242, etc.) ou le black metal ! Il en a fait chez Bruno Megret, de 1999 à 2002, en tant que membre du conseil national du MNR, représentant d’Unité Radicale. Je pense qu’il en fait encore aujourd’hui au FN avec comme objectif permanent de promouvoir ses idées nationalistes révolutionnaires qui sont, je le répète, les plus dures de l’extrême droite embarquant la guillotine révolutionnaire de 1793 dans le sillage des ligues des années 1930.
Il reste donc à l’électeur nantais de savoir ce qu’il veut, réellement, une fois dans son isoloir en mars prochain en connaissant mieux le candidat présenté ici et peut-être un jour le programme précis qu’il défendra lors de la campagne électorale des prochains mois…
Non seulement le bilan du Front national a toujours été calamiteux dans la gestion des communes qu’il a pu conquérir, mais en plus Marine Le Pen a choisi pour Nantes un candidat qui, avec le bagage que l’on voit, aura probablement du mal à élargir [1. Résultats indicatifs : 7,78 % au premier tour de la présidentielle de 2012, 4,77% au premier tour de 2007, 9,83% au premier tour en 2002] le faible socle électoral local de l’extrême droite !
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Notes
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