On peut faire toutes les critiques du monde au sujet de la réforme territoriale souhaitée par le Président de la République : les critiques peuvent porter aussi sur la faiblesse de la réforme sur le fond que sur la forme chaotique de l’accélération et de l’annonce. Il n’en reste pas moins que la Vè République est ainsi faite que la réforme territoriale est désormais lancée et qu’il faudra faire avec les formes qu’elle prend. Que feront alors les régions Bretagne et Pays de la Loire ?
L’exposé des motifs du texte soumis au Sénat le 18 juin exprime ainsi la volonté d’élargir les régions actuelles :
Cette volonté se traduit par un renforcement de l’échelon régional en clarifiant les compétences des régions, mais aussi en donnant à ces dernières une taille critique sur le plan géographique, démographique et économique.
A partir de là il me paraît extrêmement délicat de vouloir s’isoler dans une région de taille limitée comparée aux autres régions nouvellement créées par cette future loi.
Par ailleurs, chacun a, aujourd’hui, admis que le rattachement du seul département de la Loire Atlantique à la Bretagne administrative et identitaire est chose impossible, explicitement rejetée par messieurs Hollande et Valls, les initiateurs de la réforme.
En ce qui concerne l’avenir des deux régions qui persisteraient non amputées, je ne pense pas que le critère identitaire avancé par les uns et les autres puisse être considéré comme suffisamment important. En tout cas pas suffisamment pour condamner deux régions à rester isolées là où les autres régions deviendront, de fait et de jure, des super-régions avec ce que cela implique en termes, notamment, d’économie d’échelle en liaison avec le maintien des doubles dotations. Car oui les économies d’échelle existent : probablement à un niveau moindre que celui espéré par le gouvernement, mais elles existeront. Or les économies d’échelles combinées avec l’addition des dotations actuelles permettent de dégager des marges de manoeuvre supérieures à celles qui existent aujourd’hui.
Fusionner les Pays de la Loire avec le Centre ou le Poitou-Limousin serait une erreur, car les réseaux existants (à titre d’exemple, l’enseignement supérieur et la recherche) s’orientent plus vers la Bretagne que vers le sud et l’est de la région. Repartir dans la création de nouveaux réseaux avec l’une ou l’autre de ces régions serait pour les Pays de la Loire une dépense d’énergie inconsidérée au moment où il vaudrait mieux focaliser les efforts sur les économies d’échelle. D’autre part, laisser la Bretagne seule dans son coin (physiquement, un coin de l’Europe) serait criminel, car non seulement cela rendrait persistant son isolement, mais en plus la maintiendrait dans une taille nettement inférieure aux nouvelles super-régions. Les Pays de la Loire, du fait de leur dynamisme économique le supporteraient mieux d’ailleurs, mais ne semble pas le souhaiter.
A titre personnel, j’ai vite considéré qu’il ne fallait pas dépecer une région qui fonctionne plutôt bien au vu des résultats économiques obtenus ces 10 dernières années. Cependant, j’ai mis du temps à me faire une idée quant au maintien de la région Pays de la Loire unie, mais seule comparé à sa fusion avec une autre région.
Désormais, et aux vues de l’orientation prise par le gouvernement, je suis persuadé que, pour augmenter les chances de succès de cette réforme à l’échelle de notre vie quotidienne, la meilleure solution est celle de la fusion des deux régions, Bretagne et Pays de la Loire, en une seule et unique super-région que j’appellerai Loire-Bretagne (ou l’inverse et éventuellement en rajoutant une référence à l’Atlantique) au lieu de Grand Ouest.
Cette proposition de dénomination est simplement due au fait que la position géographique de cette future super-région est visible pour tous, on est bien à l’ouest et on sera bien une grande région. Mais, tout comme pour la région centre depuis des décennies, la position géographique à elle seule ne constitue pas une caractéristique de poids pour justifier de devenir la dénomination officielle. Il me semble cependant que la Loire et la Bretagne sont deux biens communs qui par leurs histoires, leurs présents et leurs avenirs peuvent devenir progressivement notre bien commun.
Illustration : armes de la ville de Nantes avec en bas de l’écu la référence à la Loire (l’eau et les vagues de couleur verte, sinople) et en son chef la référence à la Bretagne sous la forme des hermines.

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